Le père de la jeune Marie ne veut pas se laisser instrumentaliser
Le père de la jeune vaudoise de 19 ans enlevée et assassinée ne veut pas militer pour un durcissement du droit pénal en Suisse. "Je ne me laisserai pas instrumentaliser", affirme le pasteur de 54 ans dans une interview au "SonntagsBlick".Le père de Marie ne veut pas non plus voir le bourreau de sa fille lors du procès: "Je n'ai rien à lui dire. C'est un pauvre homme et il ne montre aucun signe de regret". Il ajoute ne pas éprouver de haine envers l'homme de 36 ans: "ça n'en vaut pas la peine, car la haine ronge celui qui l'éprouve".La punition que mériterait le ravisseur n'intéresse pas davantage le pasteur réformé de Villars (VD). "Ce n'est pas important. Ce qu'il faut, c'est protéger la société de tels hommes", explique le père en deuil, qui envisage en revanche de transmettre son expérience à une cellule de soutien psychologique d'urgence.Plaidoyer d'un expertDe son côté, le spécialiste de l'exécution des peines Benjamin Brägger plaide dans la "Zentralschweiz am Sonntag" pour que les régimes pénitentiaires soient réglés dans une loi nationale. Dans ce domaine, le fédéralisme nuit à l'efficacité, selon lui. En Suisse romande en particulier, chaque canton fait sa cuisine interne, accuse-t-il.La Confédération devrait aussi s'engager davantage financièrement, ajoute M. Brägger, secrétaire de la Commission des affaires juridiques pénales de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police. Cela permettrait notamment de mieux gérer l'ensemble des places de prison dans tout le pays.A l'heure actuelle, "personne ne sait de combien de places et d'établissements on dispose exactement et combien d'entre elles sont libres". "Pour trouver un détenu, il faut faire 26 téléphones à 26 cantons"."C'est impossible", s'indigne l'expert, également chargé de cours en droit de l'exécution des peines aux Universités de Berne et Lausanne.Les deux concordats alémaniques sur l'exécution des peines ont une philosophie commune, ajoute le docteur en droit. Mais dans celui de la Suisse latine: "chaque canton bidouille de son côté". Dans le canton de Vaud, endeuillé par l'assassinat de Marie, le problème est structurel, critique M. Brägger. /SERVICE