Les couples risquant de transmettre une maladie grave à leur enfant pourront probablement recourir au diagnostic préimplantatoire en Suisse. Le dépistage de la trisomie serait aussi admis. Le Conseil national a éliminé lundi tacitement les dernières divergences dans la révision de la loi sur la procréation médicalement assistée.
La réforme demeure néanmoins en suspens. Le peuple aura le dernier mot, puisqu'une modification de la constitution s'impose. En cas de oui, le Parti évangélique menace de lancer un référendum contre la loi qu'il juge trop laxiste. Quelques voix à gauche et à droite se sont aussi élevées pour mettre en cause un risque de dérive eugénique.
Aujourd'hui, la Suisse pratique une des réglementations les plus strictes d'Europe en matière de procréation assistée. Les couples porteurs d'une maladie héréditaire ne peuvent détecter sa transmission que pendant une grossesse, ce qui conduit souvent à un avortement. Certains se rendent à l'étranger pour procéder à des fécondations in vitro (FIV) dans des conditions plus souples.
A l'avenir, les intéressés devraient pouvoir demander un diagnostic préimplantatoire. Cette technique permet d'analyser un embryon conçu in vitro avant son implantation dans l'utérus pour y dépister d'éventuelles anomalies.
Contrairement au Conseil fédéral, qui voulait limiter les indications à des cas très rares, les Chambres fédérales se sont montrées plus libérales. Elles ont autorisé le dépistage de la trisomie 21 et d'autres aberrations chromosomiques lors de la FIV. Nombre de pays européens admettent déjà ces examens.
Face au couperet du vote populaire, le Parlement a néanmoins fermé la porte aux "bébés sauveurs". La sélection d'embryons à même de faire par la suite un don de cellules souches à un frère ou une soeur atteint d'une maladie incurable restera interdite. Les familles intéressées devront continuer de se rendre dans des pays plus libéraux comme l'Espagne ou la Grande-Bretagne pour y recourir.
En tout, avec le régime choisi, quelque 1000 examens pourraient lieu par an, alors que l'on dénombre environ 6000 tentatives de procréation assistée en Suisse. La version plus restrictive initiale, qui avait les faveurs du ministre de la santé Alain Berset, aurait permis environ 50 à 100 diagnostics prénataux.