Le procureur requiert 5 ans de prison contre le pédophile

Le Ministère public vaudois a requis mercredi à Yverdon (VD) 5 ans de prison ferme contre le pédophile récidiviste accusé notamment d'instigation à des actes d'ordre sexuel avec des enfants. Le procureur a affirmé que la culpabilité de l'homme de 48 ans était "extrêmement lourde, écrasante".

Les milliers de fichiers pédophiles que l'accusé a consultés sur un site international "donnent la nausée, c'est à vomir", a affirmé le procureur Olivier Jotterand durant son réquisitoire. L'individu n'a pas été que passif dans cette "communauté", il a fait partie de l'élite, ceux qui sont aussi producteurs de matériel pédopornographique, ici au dépens même de ses propres filles.

"On dira que je suis sévère, mais c'est approprié. La Suisse demande que l'on soit sévère" envers de tels actes, a déclaré le procureur. Il a requis également que la peine de 3 ans de prison infligée à Genève en 2005, mais suspendue au profit d'un traitement ambulatoire, soit cette fois exécutée. La prescription est de 15 ans dans un tel cas, selon lui.

"La honte n'a pas duré longtemps"

Entre l'affaire genevoise et aujourd'hui, le procureur ne voit guère de changements. Déjà à l'époque, l'accusé avait exprimé sa "grande honte": "La honte, elle n'a pas duré longtemps".

Alors que la justice lui avait donné une chance, "il recommence" et rechute dans le monde de la pédophilie sur internet. Il sera débusqué lorsque les Etats-Unis lanceront en 2009 l'opération "Delego" contre ce réseau international.

Une fois interpellé en juin 2011 et incarcéré 21 mois au Bois-Mermet (VD), l'accusé a crié au complot et à l'usurpation d'identité. "Il a fallu cravacher" pour démontrer qu'il correspondait bien au pseudonyme, a rappelé le procureur.

"C'est un égoïste qui n'hésite pas à utiliser ses propres filles" comme monnaie d'échange pour obtenir des photos "fait maison" de la part des autres membres de la communauté.

Anorexique mutique

L'émotion est encore montée d'un cran lorsque l'avocate de la fille cadette a pris la parole. "Ces photos sont ignobles, elles dégradent les enfants, même des bébés", a asséné Manuela Ryter.

L'avocate a décrit le calvaire de la fille cadette de l'accusé, entre placements et hospitalisations. Anorexique mutique, "elle avait arrêté de grandir". Heureusement que le Service de protection de la jeunesse (SPJ) est intervenu, car la mère et la fille aînée, venue mardi défendre son père, sont dans le déni. Elle a demandé 15'000 francs d'indemnités pour sa cliente.

En fin d'audience, l'accusé a exprimé "ses sincères remords" et demandé "pardon à ses filles et à toutes les victimes de ses actes". Il a assuré avoir "pris fortement conscience de l'atrocité" de tout ce qu'il a fait, et affirmé avoir changé. La Cour rendra son jugement vendredi à 16h30.

/ATS


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