Le tour de vis contre le blanchiment très contesté au National

L'arsenal de lutte contre le blanchiment d'argent et le terrorisme divise le National. Opposé au tour de vis déjà approuvé par le Conseil des Etats, l'UDC a échoué par 135 voix contre 53 à empêcher l'entrée en matière sur le projet né de la pression du Groupe d'action financière (GAFI).

La place financière suisse est considérée jusqu'ici comme un bon élève. Elle a tout intérêt à mettre en oeuvre les nouvelles recommandations du GAFI si elle ne veut pas atterrir sur une liste noire, a plaidé Guillaume Barazzone (PDC/GE) au nom de la commission. Il faudra juste veiller à ne pas alourdir inutilement le corset des règles imposées aux intermédiaires financiers.

Aucun pays du monde ne répond entièrement à ces recommandations, a relevé Gregor Rutz (UDC/ZH). La sécurité du droit est primordiale, il n’y a pas lieu de devancer précipitamment des exigences internationales et de jeter le soupçon sur chaque citoyen du pays. L’UDC a exigé en vain la non-entrée en matière sur le projet « à la tendance totalitaire ».

Urgence contestée

Son collègue de parti Yves Nidegger (GE) n'a pas eu plus de chance en exigeant un renvoi de sa copie au Conseil fédéral. Il ne faut pas céder au chantage de l'urgence, les recommandations du GAFI datent de 2012.

Le temps presse, la Suisse subira un examen international de l'OCDE cet automne, a rétorqué Susanne Leutenegger Oberholzer (PS/BL). En cas de non-entrée en matière, le projet reviendra sur le tapis l'an prochain, a-t-elle estimé.

Le PS se battra contre le démontage des mesures prévues contre les tricheurs, a ajouté le Vaudois Jean Christophe Schwaab. La Suisse doit se distinguer par l'excellence, pas se contenter du minimum, a renchéri Alec von Graffenried (Verts/BE). La gauche aura sans doute la peine à faire passer ses propositions.

Le PLR veut une place financière saine et prospère, il soutient les adaptations inéluctables, a annoncé l’uranaise Gabi Huber. Le PDC n'est pas prêt non plus à accepter les régulations non demandées par le GAFI comme la limitation des achats en liquide, a renchéri Karl Vogler (PDC/OW). Les Vert'libéraux et le PBD se sont exprimés dans le même sens.

Liste noire assurée

La place financière suisse continue à être détournée à des fins de blanchiment d'argent. Le nombre de cas a augmenté ces dernières années et une coordination internationale des efforts s'impose car la criminalité ne s'arrête pas aux frontières, a expliqué la ministre des finances Eveline Widmer-Schlumpf.

Si le projet est réduit au minimum comme le souhaite la commission, les exigences internationales ne seront pas remplies et la Suisse subira une pression accrue. L'inscription sur une liste noire serait assurée, a déclaré la conseillère fédérale.

/ATS


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