L'ancienne présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey a estimé mardi à Genève que l'attitude consistant à ne pas proposer d'alternative à la politique de l'UDC était l'un des éléments qui a pu contribuer à l'acceptation, dimanche, par la Suisse, de l'initiative "contre l'immigration de masse". Pour la Genevoise, il faut avoir le courage d'affronter ce parti.
"On m'a reproché d'avoir brisé un tabou en évoquant la solution de l'adhésion de la Suisse à l'Union européenne (UE) peu avant le scrutin, mais il faut oser affirmer les choses", a souligné l'ancienne conseillère fédérale, qui présentait au Club suisse de la presse de Genève son livre intitulé "La Suisse que je souhaite".
La peur du parti de Christoph Blocher fait qu'il occupe l'agenda politique. Pour Mme Calmy-Rey, c'est une erreur d'uniquement réagir à l'UDC en évoquant une catastrophe sans défendre d'alternative et présenter d'autres projets de société. Il serait pourtant nécessaire, à ses yeux, de "tirer la queue du chat qui dort".
Selon Mme Calmy-Rey, la voie bilatérale, pour laquelle elle "s'est battue pendant neuf ans", risque le crash après la votation du week-end. "Je souhaite bonne chance à mes successeurs" au Conseil fédéral, a-t-elle ajouté. Pour elle, l'isolement est une recette qui empêche simplement de pouvoir défendre ses intérêts.
L'ancienne conseillère fédérale a estimé qu'il était difficile d'expliquer pourquoi les Suisses ont dit oui à une courte majorité à l'initiative de l'UDC. L'arc lémanique a rejeté le texte alors que le Tessin l'a accepté. Pourtant, les problèmes rencontrés dans les deux régions sont assez semblables, a-t-elle fait remarquer.
Pour Mme Calmy-Rey, le scrutin de dimanche devrait pas être comparé à la votation sur l'EEE, mais à celle portant sur l'interdiction des minarets. Les campagnes qui ont le moins d'étrangers ont voté oui alors que les centres urbains ont refusé l'initiative de l'UDC, a-t-elle souligné.
Le résultat de dimanche est peut-être aussi dû à une réaction par rapport à l'UE qui pousse la Suisse à reprendre l'acquis communautaire et ne veut plus du régime des règles équivalentes. Une politique que certains ont pu considérer comme un diktat, a noté Mme Calmy-Rey.