L'ancien magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski a dépeint à l'Université de Zurich un tableau bien sombre du système juridique et des tribunaux russes. Il n'a pas non plus retenu ses critiques à l'adresse de Vladimir Poutine.
Le président russe n'a rien à envier, au niveau de l'Etat de droit, au dictateur espagnol Franco, a déclaré dans l'auditoire l'ancien directeur du groupe pétrolier Yukos lors d'une conférence sur la liberté d'entreprise et le rôle des tribunaux en Russie. Là-bas, "le principe suivant prévaut: tout le monde amis, ennemis de la loi", a-t-il lancé. "Or Poutine n'a qu'une poignée d'amis."
La justice russe ne peut en effet pas poursuivre ce cercle de personnes d'influence autour du président, a critiqué M. Khodorkovski, qui vit en Suisse depuis le début de l'année. "Le système juridique russe est adapté pour satisfaire aux exigences du gouvernement", a-t-il assuré.
De nouvelles lois ont été votées en Russie sans consulter au préalable les experts, ni les partis intéressés, selon l'entrepreneur. Les juges sont des employés qui appliquent la volonté des personnes situées dans l'environnement direct de Vladimir Poutine, a-t-il souligné.
D'après M. Khodokovski, le fait que le chef d'Etat russe bénéficie toujours d'un soutien populaire malgré qu'il soit constamment en équilibre instable entre Etat de droit et despotisme constitue une manifestation typique des régimes autoritaires. "Donnez au peuple du pain et des jeux, ou quelques guerres aux confins du pays, et il est content", a-t-il relevé, faisant allusion à la crise en Ukraine.
L'ancien oligarque était devenu milliardaire grâce au négoce du pétrole. Directeur du groupe Yukos, entreprise aujourd'hui en faillite, M. Khodorkovski passait pour être l'une des personnes les plus riches de Russie et du monde, avec une fortune estimée à 15,2 milliards de dollars.
Au cours de sa carrière, il a exercé une influence croissante sur la politique russe, notamment en finançant des partis d'opposition. Le magnat du pétrole a publiquement accusé le gouvernement russe de corruption et s'est profilé comme adversaire du président Vladimir Poutine.
M. Khodorkovski a été condamné en 2005 en Russie pour fraude fiscale lors d'un procès qui a été considéré comme politique. Il est resté emprisonné jusqu'à la fin 2013 et est arrivé en Suisse au début janvier, après avoir été gracié juste avant Noël.