Il n'existe pas "pour l'heure de menace concrète et imminente" d'attaques de jihadistes contre la Suisse, estime le ministre suisse de la défense Ueli Maurer. Le pays n'est toutefois pas à "l'abri d'individus isolés", note-il, affirmant prendre la menace au sérieux.
"Ne paniquons pas!", déclare M. Maurer dans une interview diffusée samedi par "Le Temps". Il relève une certaine "surréaction" à propos d'un cas d'attentat présumé de l'Etat islamique en Suisse. Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) "observe depuis des années les risques en matière de terrorisme et de jihadisme", assure-t-il.
Il reconnaît néanmoins que la Suisse n'est pas neutre dans la lutte contre le terrorisme en raison de la nécessité d'une coordination internationale et se retrouve, de facto, exposée.
Mais "en ne prenant pas part aux conflits et sans passé colonial, la Suisse est forcément moins visée que la France", qui participe à la coalition internationale contre l'Etat islamique (EI) et dont l'un des ressortissants a été décapité mercredi en Algérie, ajoute le conseiller fédéral démocrate du centre.
Refusant de confirmer ou d'infirmer l'arrestation, révélée il y a quelques jours par la presse alémanique, de trois Irakiens membres d'une cellule de l'EI et qui planifiaient un attentat en Suisse, M. Maurer souligne que la lutte contre le jihadisme est désormais une priorité du SRC. "La prévention est importante, notamment via la surveillance sur Internet", poursuit-il.
Selon le SRC, une vingtaine de cas en lien avec le jihad font l'objet d'une enquête du Ministère public de la Confédération. Certains Suisses combattraient notamment en Syrie. Lors de leur retour en Suisse, "s'il n'existe pas d'indices suffisants" pour les arrêter, ils "resteront sous surveillance", prévient M. Maurer.
Le ministre de la défense avertit que l'arsenal juridique suisse comporte des lacunes en matière de surveillance préventive. La nouvelle loi sur le renseignement, en préparation, permettra d'y pallier, selon lui. Si le projet est accepté, le SRC comptera 20 collaborateurs supplémentaires, souligne M. Maurer.
Même s'il note que des résidents suisses peuvent être recrutés par des Français, en raison "des liens entre les communautés linguistiques", il estime que la situation est différente entre les deux pays. Les musulmans sont "plutôt bien intégrés" en Suisse, "contrairement à ce qui se passe dans certaines banlieues françaises".
Il précise toutefois que la Suisse et la France sont convenues de mettre sur pied "des tables rondes régulières pour échanger à propos de nos informations et expériences" sur le sujet.