Le policier est acquitté dans l'affaire du tir fatal sur l'autoroute A1 dans le tunnel de Sévaz (FR). Le conducteur écope de 15 mois de prison ferme, notamment pour mise en danger de la vie d'autrui.
Le Vaudois de 38 ans et le Français de 23 ans ont été jugés mardi par le Tribunal pénal de la Broye, qui siégeait exceptionnellement à Fribourg. L'agent était accusé d'homicide par négligence, voire de meurtre par dol éventuel, et de mise en danger de la vie d'autrui.
Une bande de voleurs de voitures fuyait les polices vaudoise et fribourgeoise une nuit d'avril 2010. L'un des véhicules a alors foncé contre le barrage posé dans le tunnel. Un des deux agents en poste a tiré sept balles, dont l'une a tué le passager de 18 ans.
Le policier a agi en légitime défense et a respecté le principe de proportionnalité. Il faisait face à un danger de mort imminent, pas seulement de son point de vue subjectif, mais aussi objectivement, a expliqué le président de la Cour.
Il lui restait moins d'une seconde et demie pour prendre une décision, alors que la puissante Audi fonçait dans sa direction dans un vacarme assourdissant. Il visait le bas du véhicule et non le conducteur ni le passager dont il ignorait la présence.
La Fédération suisse des fonctionnaires de police est contente de ce verdict qui démontre que la façon d'agir de l'agent était "correcte sur toute la ligne", a dit à l'ats son secrétaire général Max Hofmann. Le jugement établit qu'il a tiré pour protéger sa vie, ce qui est une toute autre chose que de tirer pour arrêter des fuyards.
Le conducteur, lui, devait avoir conscience du danger de la course-poursuite dans laquelle il s'obstinait. Il s'en est accommodé sans scrupules et au mépris de la vie des policiers, a statué le Tribunal, en l'absence de l'intéressé dispensé de comparaître.
Il a poursuivi sa route malgré les multiples signaux visibles depuis des centaines de mètres. A 60 mètres du barrage, il circulait encore à 140 km/h sur la voie sur laquelle se trouvait l'agent, avant de frôler ce dernier de moins d'un mètre. Il n'aurait pas pu s'arrêter à moins de freiner énergiquement, ce qu'il n'a pas fait.
Le Ministère public fribourgeois est satisfait. Il avait requis l'acquittement de l'agent et 18 mois de prison ferme pour le conducteur. Ce dernier ne bénéficie pas du sursis, car sa peine en complète une autre, reçue à Lyon pour violence aggravée envers un policier en 2011. Son avocate examinera le jugement avant de décider d'un éventuel recours.
Quant à la famille de la victime, elle est "consternée", a commenté son avocat, qui examinera lui aussi l'éventualité d'un recours. "Elle avait placé de grandes attentes dans une justice qu'elle espérait différente", même si elle n'approuve pas le comportement des voleurs.