Le vote négatif des Suisses dimanche sur l'achat des Gripen aura des effets sur l'industrie suisse. La société Ruag d'Emmen (LU) estime que "les répercussions pourraient affecter jusqu'à 200 postes à moyen et long terme à défaut de contre-mesures appropriées".
Le contrat de RUAG Aerostructures, annoncé début mars pour le développement et la production de dispositifs de suspension de charge utile pour le Gripen E, se limite désormais à la phase de développement et de prototypage pour un montant 15,5 millions de francs, selon une note interne de Ruag.
En revanche, la production en série de 60 dispositifs de suspension de charge utile pour les jets Gripen de l'armée suédoise est remise en question. SAAB a également la possibilité de confier la production en série à hauteur de 52,5 millions de francs en dehors de la Suisse, poursuit Ruag.
À court terme, ce vote négatif aura une incidence sur l'activité de maintenance de RUAG Aviation, étant donné l'abandon des Tiger F-5 en 2016, relève encore la société lucernoise.
Saab a passé plus de 600 contrats avec 125 entreprises suisses pour un montant qui dépasse les 400 millions de francs. Armasuisse va continuer à vérifier les contrats restants, a poursuivi son porte-parole.
Des dizaines de PME - des sous-traitants - sont aussi concernées par le vote de dimanche. La société Creative electronicv system (CES) au Grand-Lancy (GE), par exemple, collabore avec Saab depuis quelques années. Elle espérait une augmentation de travail de 5 à 10%, impliquant des engagements de personnel, selon Hervé Garchette de CES.
En plus des PME, les aérodromes militaires comme celui de Payerne - qui a accepté à 60% l'acquisition des Gripen - sont aussi touchés de plein fouet par le vote de dimanche. Selon la syndique de Payerne, Christelle Luisier, "il y avait la possibilité d'accueillir un centre de compétences Gripen, avec des emplois à la clé. Sans oublier le projet de faire tourner les avions 24h/24, et la centaine de postes promis à Payerne: on ne sait pas ce qui va advenir de ce projet".