Le progrès technologique fait peser une menace grandissante sur la sphère privée des gens. Préposé fédéral à la protection des données, Hanspeter Thür s'inquiète des dérives. Pour lui, une révision de la loi s'impose d'urgence, car le droit constitutionnel à la protection de la vie privée est menacé.
"L'homme transparent n'est plus une chimère, c'est une réalité, depuis longtemps", constate le Préposé fédéral Hanspeter Thür dans son rapport d'activités publié lundi. Pour lui, la numérisation de notre environnement impose une conséquence inéluctable: toute donnée est accessible tôt ou tard, que nous le voulions ou non.
Les révélations d'Edward Snowden sur la surveillance massive d'Internet pratiqué par l'agence américaine de renseignements NSA ont provoqué une vague d'indignation. "Nous devons accorder une attention majeure aux outils de surveillance et réfléchir aux contre-stratégies possibles", exige Hanspeter Thür.
Le préposé fustige ainsi le projet de loi visant à augmenter l'accessibilité des données pour le service de renseignement helvétique. La compétence d'intervenir dans les réseaux et systèmes informatiques afin de perturber, d'empêcher ou ralentir l'accès aux informations est "particulièrement délicate".
Autre épine dans le pied du protecteur des données, les systèmes de localisation de personnes utilisés dans le commerce de détail. Ils permettent d'observer les clients de manière automatisée, par exemple moyennant la reconnaissance faciale, et d'analyser leur comportement.
Les résultats servent entre autres à optimiser l'emplacement des espaces publicitaires. Mais ces systèmes posent problème du point de vue de la protection des données, car ils sont généralement mis en place à l'insu des clients.
Les volumes de données recueillies continuent de croître et permettent aux acteurs économiques d'enquêter sur chaque individu, jusque dans le moindre détail, sur ses préférences, ses caractéristiques, ses forces et ses faiblesses.
De plus en plus d'appareils ménagers et autres équipements techniques fonctionnent en réseau, souvent à l'insu de leur propriétaire. Ces objets envoient discrètement des données à leurs fabricants, qui les transmettent à leur tous à des tiers. C'est ainsi que les téléviseurs informent les chaînes que tel téléspectateur change de canal.