Une sexagénaire écope définitivement de quatre ans de prison pour enlèvement. En janvier 2008, elle était allée chercher son compagnon dans le home zurichois où il était soigné, et l'avait emmenée en Inde où elle l'avait abandonné.
Confié aux mains d'un inconnu qui ne parlait même pas anglais et vivait dans des conditions extrêmement simples, l'homme est décédé au Pendjab quelques mois après son déracinement, en novembre 2008. Les raisons exactes de son décès n'ont jamais pu être élucidées.
Son cadavre avait été brûlé selon le rite hindou et ses cendres jetées dans un canal. Auparavant, la Suissesse n'avait plus repris contact avec lui.
Elle avait menti aux proches et aux voisins, expliquant que son compagnon, également père de sa fille, séjournait dans l'Oberland bernois ou à Dubaï. L'homme, agriculteur à la retraite, souffrait de graves problèmes de santé et était très affaibli mentalement.
En première instance, le Tribunal de district de Winterthour (ZH) l'avait condamné à 24 mois de prison avec sursis pour exposition à un danger de mort. Sur recours, le Tribunal cantonal zurichois avait retenu l'enlèvement avec circonstances aggravantes et avait alourdi la peine à quatre ans de prison.
L'instance cantonale avait reproché à la sexagénaire d'avoir complètement déraciné un homme qui, auparavant, n'était jamais sorti de Suisse et était mort d'ennui. Elle avait décidé cet abandon pour préserver l'héritage de la fille, afin de pouvoir économiser les frais d'un home en Suisse.
Saisi d'un recours, le TF confirme la condamnation pour enlèvement. Il relève que l'instance cantonale n'aurait pu retenir les circonstances aggravantes que si le Ministère public zurichois avait également recouru contre la condamnation en première instance pour exposition.
Comme il ne l'avait pas fait, seule la condamnation pour enlèvement doit être retenue. L'affaire retourne à la justice zurichoise, qui devra rectifier le verdict sur ce point. La peine de prison reste en revanche inchangée.