Le Ministère public fribourgeois requiert l'acquittement du policier vaudois dans l'affaire du tir fatal sur l'A1 dans le tunnel de Sévaz (FR). Il écarte aussi bien le meurtre par dol éventuel que l'homicide par négligence et la mise en danger de la vie d'autrui.
Il demande par contre 18 mois de prison ferme pour le conducteur de la voiture volée. Il y a un peu plus de quatre ans, ce Français aujourd'hui âgé de 23 ans a forcé un barrage et son passager de 18 ans est mort sous les tirs de l'agent. Le jugement tombera mardi prochain.
"Nous sommes tous conscients de la douleur de la famille" du défunt et des tourments du policier de 38 ans, a souligné le procureur mardi devant le Tribunal pénal de la Broye, qui siégeait à Fribourg. Mais le comportement du gendarme était conforme aux règles en vigueur, a-t-il argumenté.
La voiture dans laquelle se trouvaient les fuyards était à cheval sur la ligne centrale quand l'agent a décidé de tirer, donc encore en partie sur la voie sur laquelle il se trouvait lui-même. Et il n'a pas visé le conducteur, mais la calandre de l'Audi.
Le premier des sept tirs a atteint le pare-brise parce que le véhicule avançait rapidement. Et le prévenu ne pouvait pas soupçonner qu'il y avait un passager, a dit le procureur.
L'avocat de la famille de la victime a plaidé le meurtre par dol éventuel (pas volontaire mais en acceptant le risque), avec une peine laissée à l'appréciation des juges. Il a reproché au procureur, chargé de soutenir l'accusation des deux prévenus, de ne pas l'avoir fait contre le policier. "Il a laissé tombé. J'ai cru entendre, à un moment, la défense" de l'agent.
Selon l'avocat de la famille, la voiture n'était pas un danger imminent, car son déplacement sur l'autre voie était clairement perceptible 1,5 seconde avant son passage à côté du policier.
D'après lui, sur le moment, les agents n'agissent pas par panique mais "savent ce qu'ils font et n'en démordent pas". Leur sécurité est primordiale sur un barrage: il est recommandé de rester à couvert "et non pas de jouer au héros, d'aller devant pour s'exposer".
Pour l'avocate du conducteur, "toute la procédure a été menée depuis le début à charge" de son client, alors que ce dernier est aussi plaignant contre le policier. Elle a plaidé l'acquittement pour mise en danger de la vie d'autrui et pour violence ou menace envers les autorités et les fonctionnaires. Selon elle, une peine de prison ferme mettrait en échec ses efforts comme mari et père, et comme employé apprécié.
Mais cette nuit d'avril 2010, il était pourtant prêt à tout pour se sauver et sauver son butin, y compris "à sacrifier la vie d'autrui", a martelé l'avocat du collègue du policier.
"L'A1 n'est pas un jeu vidéo." Le prévenu "roulait à tombeau ouvert, et l'expression est particulièrement adaptée" et s'est livré à un rodéo routier, avec "mépris pour la valeur de la vie: la sienne, celle des policiers, celle du passager et celle des autres usagers - tous ceux qui se trouveront sur sa route par malchance", a ajouté l'avocat.