Trois Irakiens soupçonnés d'avoir planifié un attentat terroriste en Europe pour l'Etat islamique (EI) sont bien détenus en Suisse depuis fin mars. Plus d'un mois après sa révélation par la presse alémanique, le Ministère public de la Confédération (MPC) a confirmé l'information vendredi.
L'annonce officielle a été retardée pour ne pas compromettre les résultats de l'enquête en Suisse et à l'étranger, justifie le MPC dans un communiqué. L'instruction visait jusqu'à présent à dépister d'éventuels complices ou réseaux en Suisse et à l'étranger.
Le MPC a besoin de la coopération d'autres Etats. Il a envoyé ces derniers mois plusieurs demandes d'entraide judiciaire à diverses autorités européennes et travaille étroitement avec les autorités judiciaires des Etats-Unis.
Une équipe commune composée d'enquêteurs de la Police judiciaire fédérale et du FBI a même été mise en place. Cette forme de coopération est prévue par un accord bilatéral ("Operative Working Arrangement") dans le domaine de la poursuite pénale des activités terroristes en vigueur depuis 2006. Mais c'est la première fois que ce texte est appliqué.
L'équipe d'enquête commune permet d'échanger en continu les renseignements obtenus au cours de l'enquête. Mais les dispositions de l'entraide judiciaire doivent être strictement respectées. La protection juridique des personnes concernées est donc respectée.
Le MPC a déclenché son enquête pénale en mars sur la base d'informations secrètes transmises par le Service de renseignement de la Confédération à la Police judiciaire fédérale. Celles-ci font état de soupçons de soutien à l'organisation criminelle EI, d'emploi, avec dessein délictueux, d'explosifs ou de gaz toxiques, d'actes préparatoires délictueux, de pornographie et d'incitation à l'entrée, à la sortie ou au séjour illégaux.
Le MPC mène actuellement une vingtaine de procédures dans le domaine du djihadisme radical, dont cinq en lien avec la Syrie.
L'Etat islamique et les organisations apparentées sont interdits en Suisse depuis le 9 octobre, a décidé le Conseil fédéral par voie d'ordonnance pour six mois. Toutes les actions destinées à leur apporter un soutien financier, en matériel ou en personnel en Suisse ou à l'étranger, ou le recrutement de nouveaux membres sont également proscrites. Le ministre de la défense Ueli Maurer avait défendu cette décision comme mesure préventive.