Le procès d'un homme de 35 ans s'est ouvert mardi devant la cour criminelle du tribunal d'arrondissement du Nord-vaudois. En juin 2012, il a tué une prostituée roumaine de 34 ans à Payerne (VD) de deux balles dans la tête.
Accusé d'assassinat, l'ouvrier broyard prétend que le premier coup est parti "tout seul", sans qu'il ait appuyé sur la détente, et n'avoir aucun souvenir de la suite du drame. Il était amoureux de la victime, qui lui aurait fait miroiter une vie commune pour lui extorquer de l'argent.
Monteur-sanitaire, l'homme fait connaissance de la victime fin 2010 alors qu'elle se prostitue dans un bar payernois. Il est dès lors un client régulier, la considérant comme sa petite amie. Il la présente même à ses parents.
Espérant la sortir de la prostitution et qu'elle vienne s'installer définitivement en Suisse, il lui a financé durant plusieurs mois un appartement dans le canton de Fribourg. A sa demande, il lui a remis 30'000 francs pour financer une opération coûteuse à sa mère malade.
En mai 2012, la victime a prétendu qu'elle devait rester avec sa mère en Roumanie, et obtenu de l'accusé le versement de 20'000 francs supplémentaires pour y acheter un appartement. Elle a ensuite rapidement rompu, prétendument depuis la Roumanie, alors qu'elle était en réalité revenue se prostituer en Suisse.
Après avoir découvert que la femme qu'il aimait lui avait menti, l'accusé s'est rendu le 12 juin 2012 dans le salon dans lequel elle travaillait, muni d'un pistolet chargé, selon lui "pour obtenir des explications". Sur place, parce qu'elle ne voulait pas discuter avec lui, il l'a frappée au visage et forcée à le suivre en la tirant par les cheveux et en pointant son arme sur elle.
Dans la rue, alors qu'elle tentait de se dégager, il lui a tiré à deux reprises dans le front. Très calmement, selon plusieurs témoignages, il a ramassé les douilles et a rejoint sa voiture pour s'enfuir.
A l'audience, l'homme a déclaré ne s'être muni d'une arme que pour "faire peur" à sa victime, et a prétendu n'avoir "jamais eu l'intention de la tuer". Selon le Président de la cour criminelle, qui considère que ses déclarations ne sont "pas crédibles", il a "exécuté" sa victime, qu'il a "abattue comme un animal".
Bien inséré dans la société, l'homme était selon les renseignements recueillis par la justice "honorablement connu" et excellait dans son activité professionnelle. A l'époque du drame, il était surmené depuis plusieurs mois, construisant sa maison en marge de son activité professionnelle. A l'audience, il a exprimé ses profonds regrets et admis qu'il est "coupable et responsable".