Bernard Tapie, mis en examen pour escroquerie en bande organisée, a jugé lundi soir sur France 2 que c'est l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy qui était visé par l'enquête judiciaire sur l'arbitrage dont l'homme d'affaires a bénéficié à propos de la vente d'Adidas. Lui-même s'est déclaré victime d'un "acharnement médiatique".
A la question de savoir qui avait pris la décision de recourir à l'arbitrage dans l'affaire Adidas-Crédit Lyonnais, Bernard Tapie a répondu: "Mme Lagarde", ministre de l'Economie de l'époque. Et "il n'est pas pensable, aucunement, que (Nicolas Sarkozy) n'ait pas donné son feu vert. Il a forcément donné son feu vert", a encore dit Bernard Tapie.
Lors de sa première interview depuis ses 96 heures de garde à vue la semaine dernière, M. Tapie a estimé qu'une telle durée de garde à vue était "excessivement rare" en matière financière, mais "moins difficile à vivre que les cinq semaines que les médias (lui) ont fait vivre" auparavant. "Je n'avais jamais vu un tel acharnement", a-t-il dit.
"C'est un complot"
Interrogé sur ses liens avec l'un des arbitres, Pierre Estoup, également mis en examen pour "escroquerie en bande organisée", M. Tapie a soutenu qu'il ne le connaissait pas, donnant comme preuve le fait d'avoir écrit Estoupe et non Estoup dans la dédicace d'un livre qu'il lui avait adressé.
Pour l'homme d'affaires, l'enquête serait un "complot" le visant. "Oui Monsieur, c'est un complot!", a lancé M. Tapie visiblement énervé au présentateur du téléjournal David Pujadas, qui l'interrogeait sur ce point.
Et d'ajouter: "Je vais vous l'expliquer, c'est très simple. Le soir de la victoire de la Coupe du monde de football (par la France en 1998), qui a été gagnée par une équipe dans laquelle il y avait plus de la moitié qui était des Marseillais, j'ai essayé d'avoir une invitation pour la finale (...)
J'ai pas eu le droit à une invitation. Et Didier Deschamps, quand on lui remet le trophée, la première déclaration il dit 'cette Coupe du monde on la doit à Bernard Tapie'. Il y a deux France, Monsieur, celle de ceux qui ont le droit, et celle de ceux qui n'ont pas le droit".
Cinq personnes en examen
Les juges d'instruction chargés de l'enquête soupçonnent l'arbitrage, grâce auquel M. Tapie s'était vu octroyer 403 millions d'euros pour solder le litige sur la vente d'Adidas, d'avoir été truqué au profit de l'homme d'affaires âgé de 70 ans.
Ils ont mis en examen cinq personnes, autant de profils différents impliqués dans ce qu'ils interprètent comme une "escroquerie en bande organisée".