Des lecteurs d'empreintes digitales, pour contrôler les achats de chacun: telle est la mesure-choc que veut implanter le Venezuela d'ici la fin de l'année. Le gouvernement veut ainsi s'attaquer à la contrebande, responsable, selon lui, de la pénurie extrême dont souffre le pays.
Cette annonce s'ajoute à celle, en début de mois, d'une fermeture nocturne de la frontière avec la Colombie. C'est vers ce pays que passe une grande partie de cette contrebande.
"L'ordre a été donné pour la mise en place d'un système biométrique dans tous les établissements et réseaux de chaînes de distribution et commerciales du pays", a déclaré le président Nicolas Maduro. Il a assuré que ce programme était une "bénédiction anti-fraude".
L'idée est d'empêcher qu'une personne achète le même produit dans des quantités ou à une fréquence dépassant son simple usage personnel, ce qui serait un indice de trafic.
Selon le gouvernement socialiste, la contrebande fait s'échapper du pays 40% des produits de première nécessité et l'équivalent de 100'000 barils de pétrole par jour. Cette fuite occasionne des pertes annuelles de 3,65 milliards de dollars.
Au Venezuela, les généreuses subventions et le contrôle des prix aboutissent à des tarifs défiant toute concurrence. Fort de ses prodigieuses réserves pétrolières, le Venezuela offre l'essence la moins chère au monde: le plein d'une voiture coûte moins cher qu'une bouteille d'eau.
Difficile de résister depuis la Colombie, où le litre d'essence coûte 1,18 dollar. Quant aux produits de base comme le lait, le sucre ou le papier toilette, ils peuvent être jusqu'à cinquante fois moins chers qu'en Colombie.
Au quotidien, cela se traduit par une terrible pénurie pour les Vénézuéliens: du déodorant aux cercueils, en passant par les bouchons de bouteille en plastique, la farine ou les médicaments, un produit de première nécessité sur quatre est introuvable.