La majorité socialiste de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac a rejeté mercredi une nouvelle fois la demande d'audition du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault. Elle a provoqué la colère de l'opposition qui a décidé de suspendre sa participation aux travaux de cette commission.
La veille, l'absence de "souvenir" de l'ex-ministre du Budget concernant un échange le 16 janvier à l'Elysée avec le président François Hollande, Jean-Marc Ayrault et le ministre de l'Economie Pierre Moscovici, évoqué pourtant par ce dernier, avait conduit des membres UMP de la commission d'enquête à réitérer leur demande d'audition du chef du gouvernement.
Au terme, selon des participants, d'une heure et demie de discussion à huis clos , la décision de ne pas auditionner le Premier ministre a été prise par dix voix contre huit. Fureur alors des membres UMP de la commission qui ont quitté la salle et n'ont pas participé au vote sur la question d'entendre ou non conjointement Jérôme Cahuzac et son ancien ministre de tutelle Pierre Moscovici.
Aussitôt, le président des députés UMP, Christian Jacob, a annoncé que les membres UMP de la commission suspendaient leur participation aux travaux de la Commission. Et cela tant que l'audition de Jean-Marc Ayrault ne serait pas décidée.
Situation "invraisemblable"
"On est dans une situation invraisemblable où la garde des Sceaux dit sous serment qu'elle n'avait pas d'informations sur l'instruction de l'affaire Cahuzac, or démonstration est faite que le procureur général lui a fait passer toutes les informations", s'est exclamé M. Jacob dans les couloirs de l'Assemblée.
Il faisait allusion aux affirmations du "Canard enchaîné" selon lequel Christiane Taubira était informée très régulièrement de l'état d'avancement de l'instruction de l'affaire Cahuzac.
"On a aussi deux ministres qui disent des choses différentes sur cette réunion du 16 janvier, à laquelle a participé le président de la République. Donc il faut absolument que Jean-Marc Ayrault vienne s'expliquer devant la commission", a déclaré M. Jacob.
"Déni de démocratie"
Gérard Darmanin (UMP) est allé au delà en annonçant sa démission pure et simple de la commission d'enquête, car, a-t-il expliqué dans un communiqué "en s'opposant à l'audition du Premier ministre, la majorité socialiste refuse que la vérité soir révélée dans l'affaire Cahuzac". Dénonçant un "déni de démocratie", il a "déploré un moment grave pour nos institutions".