Stephan Schmidheiny, l'ex-patron du groupe Eternit, connaît de nouveaux ennuis judiciaires. Suite à une action en dommages-intérêts, les entreprises suisses Anova AG et Becon AG ont été condamnées début juillet devant une cour du New Jersey, aux Etats-Unis, à payer une amende de 90 millions de dollars.
Les entreprises, en tant que successeurs du groupe de construction Eternit, actif dans le commerce de l'amiante, devront indemniser onze familles d'ouvriers, victimes du cancer du poumon, a tranché une juge du New Jersey. Ces personnes sont tombées malades en travaillant au sein de l'entreprise de construction Johns-Manville, qui a utilisé de l'amiante jusque dans les années 1980, a estimé le tribunal.
L'amiante, un composant de construction interdit à partir des années 1980 un peu partout dans le monde, était livrée à l'entreprise Johns-Manville par Eternit. Johns-Manville avait fait faillite en 1982, suite aux plaintes déposées à l'époque.
Lors du procès, les avocats des plaignants ont eux fait valoir que l'entreprise d'investissement Anova Holding AG, que M. Schmidheiny a fondée en partie grâce aux bénéfices réalisés par le commerce de l'amiante, doit être tenue responsable des dommages liés à l'utilisation de l'amiante.
Selon le journal alémanique "Wochenzeitung" (WOZ), qui a rapporté la décision du tribunal américain dans son édition de jeudi, les entreprises Becon AG et Anova AG n'acceptent pas ce jugement. Une porte-parole de M. Schmidheiny, Lisa Meyerhans, a confirmé à l'ats cette information.
Ce jugement interne aux Etats-Unis devrait être maintenant transposé en Suisse, a affirmé Mme Meyerhans dans sa prise de position. "Becon et Anova Holding sont convaincues qu'un tel jugement n'est pas valable au regard du droit suisse".
Stephan Schmidheiny ainsi que l'actionnaire principal d'Eternit, le baron belge de Cartier, avait déjà été condamnés par contumace en Italie à seize ans de prison en février 2012 pour avoir provoqué la mort de près de 3000 personnes, ouvriers ou riverains d'usines du groupe Eternit S.p.a Gênes. En juin 2013, cette peine avait été alourdie en appel à 18 ans de prison.
La Cour d'appel avait également reconnu plusieurs dizaines de millions d'euros de dédommagements aux nombreuses parties civiles. Le jugement n'est toutefois pas encore entré en force.
Le procès en cassation s'ouvrira le 19 novembre devant la Cour de cassation italienne à Rome. La plus haute instance judiciaire transalpine devra rendre son verdict.