L'incendie du ferry "Norman Atlantic" a officiellement fait onze morts, a annoncé mardi le procureur de Bari (sud-est) Giuseppe Volpe. Deux marins albanais venus en aide aux sauveteurs ont aussi été tués. La présence de clandestins à bord et le manque de fiabilité de la liste des passagers rendent ce bilan très provisoire.
La présence de clandestins est désormais "établie": trois d'entre eux ont été identifiés, deux Afghans et un Syrien, qui a demandé l'asile politique, a indiqué Giuseppe Volpe, responsable de l'enquête sur les circonstances du drame.
Mais il y en avait sans doute bien davantage, cachés dans les nombreux camions transportés par le "Norman Atlantic", a-t-il expliqué. Or, l'incendie s'est déclenché au niveau des ponts inférieurs, là où étaient garés ces camions. Ainsi, l'examen de l'épave du ferry révélera probablement d'autres victimes, a précisé le procureur.
Viennent s'ajouter les interrogations sur d'éventuels disparus, faute de connaître le nombre exact de passagers à bord du ferry dimanche quand le drame a eu lieu au large de l'Albanie.
L'opération de sauvetage "sans précédent" a permis de secourir 427 personnes, dont les 56 membres d'équipage, selon les autorités italiennes. Sur les 371 passagers récupérés sur le ferry, 234 sont grecs, 54 turcs, 22 albanais, 22 italiens. Neuf des dix Français présents à bord ont été localisés et pris en charge, mais on est toujours sans nouvelles du dixième.
Parmi les onze morts, on compte trois Italiens. Et deux marins albanais venus en aide aux sauveteurs ont été victimes mardi matin de la rupture d'un câble de remorquage pendant les opérations de secours en mer, a indiqué le ministère albanais de la Défense.
Côté suisse, deux représentants de l'ambassade à Rome et le consul honoraire de Bari ont été dépêchés pour la prise en charge des dix ressortissants rescapés. "Ce processus est encore en cours", a indiqué mardi à l'ats un porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) qui ne pouvait donner dans l'immédiat davantage d'informations sur l'état de ces Suisses.
L'opération d'évacuation du ferry Norman Atlantic désormais vide a pris fin lundi soir: il a été remorqué vers le port italien de Brindisi, à environ 40 milles (environ 75 km) du lieu de l'incendie, au large de la côte albanaise.
Cependant, des dizaines de passagers attendaient toujours mardi après-midi leur retour sur la terre ferme. Le navire militaire italien San Giorgio, qui accueille à son bord plus de 180 rescapés, ne regagnera en effet Brindisi qu'en début de soirée. Et un cargo transportant une quarantaine d'autres passagers du Norman Atlantic était attendu à Taranto (sud).
Les autorités maritimes italiennes, grecques et albanaises s'étaient lancées dès dimanche matin dans une course contre la montre pour récupérer ces hommes, femmes et enfants pris au piège, pour certains pendant plus de 34 heures, sur le pont du ferry.
Certains passagers, comme la cantatrice grecque Dimitra Theodossiou, ont dénoncé la brutalité de certains passagers, résolus à embarquer les premiers, y compris par la force. La femme d'un passager grec, première victime répertoriée dans ce drame, a raconté son calvaire. "J'ai vu mourir mon mari. J'ai essayé de le sauver, mais je n'y suis pas arrivée", a-t-elle affirmésn