Les grandes sociétés du secteur des matières premières portent une part de responsabilité dans les tragédies de Lampedusa, critique Simonetta Sommaruga. Leur exploitation du sol des pays en développement ne laisse quasiment rien aux populations locales, qui émigrent en masse par manque de perspectives.
"Nous devons également contribuer à améliorer cette situation, notamment parce qu'on trouve aussi de telles entreprises en Suisse", déclare la conseillère fédérale dans une interview parue samedi dans la "Neue Zürcher Zeitung". Les subventions à l'exportation accordées par les Etats occidentaux jouent également un rôle dans les difficultés que rencontrent les "pays pauvres" dans leur développement.
S'exprimant sur la question des réfugiés syriens, la ministre se dit persuadée que, "à la vue de la dramatique guerre civile, la population suisse fait preuve d'une grande compréhension" pour l'octroi facilité de 850 visas à des Syriens ayant de la parenté en Suisse, dont 44 ont déjà profité. La socialiste est également convaincue que les Suisses saluent l'accueil prévu par le Conseil fédéral de 500 autres réfugiés de ce pays.
La cheffe du Département de justice et police rappelle par ailleurs que 90% des déplacés syriens se sont provisoirement établis dans les pays voisins, comme le Liban, la Jordanie et la Turquie, et désirent rentrer dès que possible dans leur patrie. La Suisse doit montrer davantage de solidarité envers ces Etats, en accueillant une partie de leurs réfugiés syriens.
Se contenter d'envoyer de l'argent dans ces pays voisins ne suffit pas. En outre, "la Suisse devra repenser le volume de son engagement financier au cas où la crise en Syrie se prolonge", estime la ministre en charge des migrations. La Confédération a jusqu'ici dédié plus de 50 millions de francs à l'aide en Syrie.