L'Organisation mondiale du commerce (OMC) est confrontée "à la plus grave crise" depuis sa création, a averti samedi à Pékin son directeur général. L'institution basée à Genève est paralysée suite au blocage par l'Inde d'un accord historique conclu à Bali en décembre 2013.
"Les négociations multilatérales au sein de l'organisation sont, en pratique, paralysées par cette impasse", a déploré Roberto Azevedo devant des journalistes. "Les importantes négociations sur l'ensemble des mesures prévues par l'accord de Bali ont été suspendues (...) "la patience des Etats membres s'épuise vite", a ajouté le Brésilien, à la tête de l'OMC depuis septembre 2013.
L'ensemble des 160 membres de l'OMC, y compris l'Inde, s'étaient mis d'accord en décembre dernier en Indonésie sur un texte visant à réformer et simplifier les règles du commerce international, notamment les procédures douanières. Cet "accord sur la facilitation des échanges" avait été négocié pendant presque dix ans, avant que les Etats membres ne s'entendent sur un texte final.
Tout a été pourtant bloqué le 31 juillet dernier, quand l'Inde a refusé de signer le protocole conclu à Bali, étape indispensable pour ouvrir la période de ratification par les Etats membres.
"C'est la plus grave crise à laquelle l'OMC ait jamais été confrontée", a insisté Roberto Azevedo, en marge d'une rencontre ministérielle du Forum pour la coopération économique en Asie-Pacifique (APEC) à Pékin.
L'Inde a fait marche arrière, car elle souhaite des garanties concernant les aides financières versées à ses producteurs agricoles. Celles-ci sont contestées par les pays occidentaux qui les considèrent comme des subventions déguisées.
Des discussions bilatérales sur le sujet ont eu lieu entre Washington et New Delhi, a indiqué M. Azevedo. Il a déclaré en avoir été informé par le représentant spécial au commerce extérieur américain (USTR), Michael Froman. "Il semble toutefois qu'aucune avancée n'a été enregistrée au cours de ces pourparlers", a-t-il regretté.
Le directeur général de l'OMC sera présent dès samedi prochain au sommet des dirigeants du G20 -dont l'Inde fait partie- en Australie. Il a assuré qu'il y mettra en exergue "la gravité de la situation".