Le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi a bâti la holding Altice à force d'acquisitions opportunes dans le câble et l'accès à Internet. Mais avec le rachat de l'opérateur français SFR par Numericable, le discret homme d'affaires domicilié à Genève a décroché le gros lot.
Pour mémoire, le feuilleton à rebondissements a pris fin samedi avec le choix de Vivendi de retenir l'offre d'Altice en vue de la cession de sa filiale télécoms SFR. Vivendi a du coup offert le coup de sa vie à l'entrepreneur qui l'a emporté face à une offensive serrée de Bouygues, dans laquelle son patron, Martin Bouygues, a mis tout son poids.
L'ingénieur et financier de 50 ans avait préparé cette offre depuis de longs mois, avec la vision de conjuguer les actifs dans le câble de Numericable, dont il est le principal actionnaire via Altice, avec le réseau fixe et mobile de SFR. Mais il n'avait peut-être pas anticipé la violence de la bataille à venir.
Père de quatre enfants et discrètement installé à Genève depuis 15 ans, M. Drahi a cependant été contraint de multiplier les interviews ces dernières semaines pour défendre son projet. Et aussi pour se faire connaître afin de contrer les attaques.
Ses détracteurs ont ainsi mis en avant son statut de résident fiscal suisse et la cotation de sa holding à Amsterdam. Toutefois, la filiale Numericable, repreneur de SFR, représente une société de droit français cotée à la Bourse de Paris.
"Il va falloir que M. Drahi rapatrie l'ensemble de ses possessions et biens à Paris, en France, et donc nous avons des questions fiscales à lui poser", avait ainsi souligné Arnaud Montebourg. L'actuel ministre français de l'Economie a affiché son soutien à l'offre de Bouygues sur SFR.
"Patrick Drahi a bâti un groupe présent dans neuf pays dans le monde en dix ans (...) c'est un grand entrepreneur des télécoms, il n'y a pas d'équivalent en France à part Xavier Niel", le patron de Free, rétorque un de ses proches.
Ce "self made man" est passé par les plus grandes écoles de la République. Né à Casablanca, il arrive à Montpellier à 15 ans. Ayant hérité de la bosse des maths de ses parents profs de maths, il enchaîne Maths spé, l'Ecole Polytechnique et se spécialise dans les télécoms.
Il a fait cette année son apparition au 14e rang du classement des plus grosses fortunes françaises du magazine Forbes avec 6,3 milliards de dollars.