Le gouvernement grec a annoncé et immédiatement mis en application mardi la fermeture des chaînes de la télévision publique ERT. Il engage ainsi par surprise une épreuve de force inédite avec les syndicats sous la pression de ses bailleurs de fonds internationaux.
Vers 23h00 heure locale (22h00 en Suisse), les chaînes d'ERT ont cessé d'émettre et les écrans sont devenus noirs. La police a neutralisé, selon une source syndicale, le principal émetteur situé près d'Athènes.
Cette fermeture a suscité une rupture dans la solidarité au sein de la coalition gouvernementale dirigé par le premier ministre conservateur Antonis Samaras: deux des trois partis de la coalition ont désapprouvé la fermeture et ont annoncé qu'ils ne voteraient pas cette mesure lorsque le décret serait présenté au Parlement pour validation.
Grosses dépenses
La décision a été annoncée dans l'après-midi par le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou. "La diffusion d'ERT s'arrêtera après la fin des programmes ce soir", a-t-il déclaré à la presse.
ERT constitue "un cas exceptionnel d'absence de transparence et de dépenses incroyables. Et tout ceci prend fin maintenant", a asséné le porte-parole.
Il a assuré que ce service public, où les grèves se multipliaient ces derniers mois pour s'opposer aux plans de restructuration, rouvrirait sous une autre forme, avec un nombre réduit de salariés.
Tous les salariés actuels d'ERT, au nombre de 2656, recevront une compensation et seront autorisés à postuler à nouveau à un emploi dans la nouvelle structure, a-t-il dit.
Cette mesure radicale et sans précédent a été annoncée sans préavis au moment où les chefs de file de la troïka des créanciers de la Grèce (UE-BCE-FMI) sont à Athènes.
ERT appartient aux multiples organismes d'Etat qui devaient être restructurés ou fusionnés en vertu du protocole d'accord signé entre la Grèce et ses bailleurs de fonds. Les réactions syndicales et politiques ont été très vives.
Choc total
"ERT appartient au peuple grec (...) c'est le seul média indépendant et la seule voix publique, qui doit rester dans le domaine public (...) nous condamnons cette décision soudaine", a déclaré dans un communiqué le syndicat GSEE.
"C'est un choc total", a commenté auprès de l'AFP un journaliste de la rédaction, Pantelis Gonos. "Le gouvernement, sans consultations ni discussions, a choqué tout le monde en annonçant la suspension à minuit de la télévision", a-t-il dit.
Peu après l'annonce du gouvernement, des milliers de personnes ont afflué vers le bâtiment principal d'ERT dans la banlieue nord d'Athènes pour apporter leur soutien à la télévision publique. Près de 500 personnes se sont aussi rassemblées devant le bâtiment d'ERT à Thessalonique, dans le nord de la Grèce.