Le procès de l'ex-numéro trois d'UBS, Raoul Weil, s'est ouvert mardi à Fort Lauderdale, en Floride. L'ancien chef de la gestion de fortune de la grande banque est accusé d'avoir aidé des contribuables américains à dissimuler près de 20 milliards de dollars au fisc. Les membres du jury ont été sélectionnés.
Raoul Weil, 54 ans, est arrivé au tribunal de Fort Lauderdale peu avant l'ouverture du procès, accompagné de son épouse et de ses avocats. Il était vêtu impeccablement d'un costume sombre, d'une chemise blanche et d'une cravate bleue à rayures. Il affichait un air détendu, souriant par moment, a constaté l'AFP.
Avant l'ouverture proprement dite, le juge devait se prononcer sur une nouvelle motion introduite par les avocats demandant à classer l'affaire. Dans l'après-midi, défense et accusation devaient ensuite commencer à présenter leurs arguments. Le juge James Cohn a prévu que le procès dure quatre semaines.
Douze jurés - six femmes et six hommes - ainsi que quatre jurés suppléants ont été désignés dans la matinée parmi 50 candidats. Ces membres du jury ont été sélectionnés par le tribunal, d'entente entre le procureur et les avocats de la défense.
M. Weil est accusé par le Département américain de la Justice (DoJ) d'avoir aidé, avec d'autres banquiers de l'établissement, de riches Américains à dissimuler leurs avoirs au fisc de leur pays. Environ 20'000 clients américains fortunés auraient ainsi caché quelque 20 milliards de dollars.
Au total, la liste des témoins comporte quinze noms, soit moins qu'articulé ces derniers jours. La défense devrait produire un peu moins de dix témoins, dont deux ou trois témoigneront par vidéoconférence depuis Londres. D'après l'avocat de M. Weil, Aaron Marcu, nombre de témoins sollicités ont décliné de peur d'être arrêtés une fois sur le sol américain.
Le procureur envisage également d'appeler à témoigner d'anciens clients de la banque aux trois clés. Le DoJ fera lui défiler à la barre des anciens banquiers repentis à qui a été accordée la clémence pour leur coopération.
L'avocat a par ailleurs déposé de nombreuses demandes pour annuler l'inculpation de son client, mais sans succès, selon des sources proches du dossier.
Pratiquement une année après son arrestation à Bologne, en Italie, Raoul Weil, comparaît devant un jury américain. Dans le conflit fiscal entourant les avoirs non taxés dans les banques helvétiques de citoyens américains, il est l'un des rares à ne pas coopérer avec les autorités américaines. Il entend plaider non coupable et exige un procès rapide.
L'ex-banquier, qui vit depuis plusieurs mois en résidence surveillée dans le New Jersey, s'est entouré de ténors du barreau pour préparer sa défense. L'accusation dispose, elle, de quelque quatre millions de pages de documents à son encontre.
S’il est reconnu coupable, Raoul Weil pourrait être passible de cinq ans de prison et d’une amende de 250'000 dollars (238'385 francs).