Le Congrès américain a adopté une réforme majeure de la politique agricole des Etats-Unis pour la période 2014-2018, en mettant fin aux subventions dites "directes". La nouvelle loi faisait l'objet depuis 2012 d'âpres négociations entre démocrates et républicains, mais aussi entre élus de régions rurales et urbaines.
"Comme tout compromis, cette loi agricole n'est pas parfaite, mais au final, elle aura un impact positif non seulement pour les économies rurales qui nourrissent l'Amérique, mais aussi pour notre pays", s'est félicité le président Barack Obama dans un communiqué.
Principale nouveauté: la suppression des paiements directs aux cultivateurs, ces chèques aux montants "découplés" de la production réelle et qui étaient versés systématiquement chaque année, en fonction de la surface du champ, que celui-ci soit cultivé ou non.
L'Union européenne consacre la quasi-totalité de son budget agricole à ce type d'aides découplées, qui garantissent aux agriculteurs un revenu stable chaque année. Mais aux Etats-Unis, les 5 milliards de dollars annuels distribués étaient difficiles à justifier depuis l'explosion récente des cours mondiaux, notamment des céréales.
La loi gonfle en échange les mécanismes de garanties contre les chutes des cours et des revenus, ainsi que les programmes subventionnés d'assurance, souscrits par les agriculteurs contre la volatilité des prix et les catastrophes naturelles.
Les fédérations professionnelles, du maïs au secteur laitier, se sont réjouies du vote de la loi. L'Union nationale des agriculteurs a loué "un filet de sécurité efficace pour les agriculteurs et les Américains dans le besoin".
Au total, l'enveloppe consacrée aux aides agricoles reste stable, à hauteur d'environ 20 milliards de dollars par an sur les cinq prochaines années. Mais ces dépenses pourraient croître significativement en cas de chute des cours mondiaux.
Plusieurs ONG ont toutefois critiqué une demi-réforme. "Même les exploitations les plus riches peuvent recevoir des subventions généreuses", déplore Jason Rano, de l'Environmental Working Group, qui militait pour des plafonds stricts. Les conservateurs américains ont de leur côté déploré une loi pleine de programmes inutiles.