Sans véritable surprise, les actionnaires de Credit Suisse ont accepté à une écrasante majorité, sauf dans un cas, tous les points à l'ordre du jour de l'assemblée générale vendredi à Zurich. Le rapport sur les rémunérations et la décharge ont recueilli plus de 90% des suffrages.
Si elle a passé la rampe, la proposition d'une augmentation du capital conditionnel de 1,2 million de francs pour le porter à 1,64 million a par contre de justesse dépassé la majorité qualifiée des deux tiers de voix présentes. La requête du conseil d'administration a obtenu 67,88%.
Important, le front du refus a lui obtenu pas moins de 29,96% des suffrages exprimés. Ce score honorable reflète de fait la méfiance d'importants propriétaires du numéro deux bancaire helvétique, en particulier anglo-saxons, envers ce type d'augmentation de capital. L'influente société de conseils aux actionnaires américaine ISS s'opposait ainsi à la proposition.
Pour mémoire, lors de l'assemblée générale tenue la semaine passée, les actionnaires du géant zurichois de l'électrotechnique ABB ont refusé une requête identique du conseil d'administration. Celle-ci n'a pas réuni la majorité des deux-tiers requise.
Les actionnaires de Credit Suisse ont également accepté de confier à Urs Rohner un nouveau mandat de président du conseil d'administration. Les autres administrateurs ont tous été réélus, à l'exception de Peter Brabeck et Walter Kielholz, lesquels ne se représentaient pas.
Pour leur succéder, les actionnaires ont élu le patron de Roche, l'Autrichien Severin Schwan, et le scientifique germano-américain Sebastian Thrun.
En préambule aux votes, le président Rohner a déclaré vouloir "tout mettre en oeuvre" afin de régler le conflit fiscal avec les Etats-Unis, "un des problèmes les plus urgents à résoudre".
Il a répété que l'établissement coopère avec les autorités américaines, dans le cadre des limites du droit suisse. Lui succédant à la tribune, le directeur général Brady Dougan a indiqué vouloir tourner la page dans ce dossier. "Plus vite celui-ci sera résolu, mieux cela vaudra".
Par l'entremise de plusieurs articles de presse, la pression est encore montée d'un cran cette semaine, certains laissant entendre que la banque pourrait plaider coupable. S'appuyant sur des sources dites proches du dossier, d'autres affirment que Credit Suisse et le Département américain de la justice (DoJ) seraient proches d'un accord.
Selon les termes de ce dernier, l'établissement de la Paradeplatz verserait entre 1 et 1,6 milliard de dollars, selon les sources. Avec 13 autres banques, Credit Suisse est soupçonné d'avoir aidé de riches américains à frauder le fisc.