Depuis les révélations de l'ampleur de l'espionnage américain en Europe, les entreprises helvétiques ont changé leur comportement, a noté le préposé fédéral à la protection des données Hanspeter Thür. Les privés en revanche font preuve d'indifférence, selon lui.
Certaines entreprises ont tenu des séances de crise, a indiqué M. Thür vendredi sur les ondes de la radio publique alémanique SRF. Et certaines sont même allées jusqu'à boucher des ports USB pour empêcher le vol de données, a ajouté le préposé fédéral à la protection des données.
Pour lui, avant que l'affaire des écoutes menées par l'agence nationale de sécurité américaine NSA n'éclate au grand jour, les entreprises suisses ne protégeaient pas suffisamment leurs données. "Je pense que l'importance de ce facteur n'avait pas été estimée à sa juste mesure."
Mais alors qu'une prise de conscience a eu lieu au sein des entreprises, les citoyens font toujours preuve d'indifférence, a aussi relevé M. Thür. Beaucoup se disent: "Je n'ai rien à cacher, alors ça m'est égal".
Les privés devraient pourtant se demander dans quelle mesure ils souhaitent stocker leurs données dans des "nuages". Ces services de stockage à distance ne sont pas sûrs, rappelle le préposé à la protection des données, qui avait d'ailleurs déjà lancé des avertissements avant l'éclatement de l'affaire des écoutes américaines. Les auteurs d'atteintes flagrantes à la protection des données doivent être punis, a aussi réclamé M. Thür.
Le conseiller fédéral Didier Burkhalter a de son côté indiqué "ne pas être surpris de l'ampleur des activités des Etats-Unis" dans une interview publiée jeudi par le "St-Galler Tagblatt" et la "Neue Luzerner Zeitung".
Concernant les demandes de certains parlementaires d'offrir l'asile au donneur d'alerte Edward Snowden, ancien employé de la NSA, le ministre des affaires étrangères a déclaré que souvent, il faut mieux ne pas réagir de façon précipitée.
La Suisse doit toutefois élargir sa stratégie nationale de protection contre les cyberrisques à la Genève internationale, a estimé M. Burkhalter. Selon certains médias, la NSA dispose en effet d'une table d'écoutes dans le consulat américain de Genève, une information ni confirmée ni démentie par le conseiller fédéral.