Les médicaments cardio-vasculaires sont vendus plus chers en Suisse que dans quinze pays européens de l'Ouest. Le prix des génériques est même de deux à trois fois plus élevé. Ces résultats militent pour l'introduction d'un système de prix de référence, plaide le Surveillant des prix.
L’importance de la différence de prix par rapport à l’étranger inquiète le Surveillant des prix. Malgré différentes mesures prises ces dernières années, comme l’introduction d’une comparaison trisannuelle des prix avec l’étranger, le prix des médicaments en Suisse reste surfait. Cette comparaison confirme le bien-fondé des exigences qu'il formule de longue date, estime-t-il.
En mai 2014, le Surveillant des prix a procédé à la comparaison des prix publics pratiqués dans quinze pays européens pour les dix substances actives brevetées qui traitent les troubles cardio-vasculaires générant le plus grand chiffre d’affaires et les dix qui ne sont plus sous brevet répondant au même critère, a-t-on pu lire dans une lettre d'information de Monsieur Prix publiée vendredi.
Parmi ces pays figurent l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la France, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, lesquels font partie de la liste actuelle des pays de référence de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour la comparaison des prix.
Les résultats sont clairs, selon le surveillant des prix. Dans toutes les catégories de médicaments cardio-vasculaires (génériques, médicaments originaux dont le brevet a expiré et médicaments originaux brevetés), la Suisse fait partie des pays les plus chers.
Les préparations originales, qu’elles soient encore sous brevet ou non, sont nettement plus chères en Suisse que dans les pays comparés. Le prix des préparations originales qui ne sont plus sous brevet est, dans les six pays de comparaison actuels de l’OFSP, en moyenne 19% meilleur marché qu’en Suisse. Si on prend en considération l’ensemble des pays de comparaison, cette différence augmente encore.
C’est pour les génériques que la différence de prix est la plus marquée. En Suisse, ils coûtent plus du double que dans la moyenne des pays de comparaison, et le triple si l’on se réfère au panel de comparaison actuel de l’OFSP. Seuls les Norvégiens paient leurs génériques plus chers qu'en Suisse.
Contrairement aux prix des préparations originales, ceux des génériques ne sont pas déterminés par l’OFSP en fonction d’une comparaison avec les prix pratiqués à l’étranger, mais au moyen de la règle dite de l’écart de prix, qui détermine l’écart minimal de prix entre un générique et la préparation originale composée de la même substance active. Cette règle a un effet néfaste sur la concurrence des prix, puisqu’elle peut être vue comme une recommandation de prix implicite.
De plus, la pratique en matière de remboursement des médicaments n’incite pas suffisamment les patients à privilégier les préparations meilleur marché, puisque l’assurance obligatoire prend en charge aussi bien le coût des génériques que celui des médicaments originaux (déduction faite de la participation du patient). Ces mécanismes expliquent le coût des génériques en Suisse.
Le Surveillant des prix demande dès lors que le panel des pays de référence soit élargi, ce qui entraînerait encore une baisse du prix moyen de référence. Il plaide encore pour un examen annuel des prix de tous les médicaments.
Actuellement un tiers des médicaments est encore évalué sur la base d’un taux de 1.58 euro/franc suisse alors qu'il n’a plus été aussi élevé depuis plus de cinq ans. Un examen annuel du prix de tous les médicaments éviterait cet écueil.
Plus de 20 pays européens ont déjà adopté un système de prix de référence (également appelé système de montant fixe). Il serait judicieux que la Suisse fasse de même, plaide le Surveillant des prix. Dans ce système, tous les médicaments dont le brevet a expiré et les génériques contenant la même substance active sont classés dans le même groupe.
Les caisses maladie ne remboursent plus qu’un montant fixe par groupe, montant qui est déterminé sur la base des génériques bon marché. Un tel système incite les fabricants de génériques et de préparations originales à rapprocher leurs prix de ce montant fixe pour ne pas perdre de parts de marché.
Quant aux patients, ils sont davantage incités à choisir des préparations bon marché qui leur seront remboursées intégralement. Des exceptions justifiées pour des raisons médicales resteraient possibles.