Le vote de la Suisse sur l'initiative contre l'immigration de masse doit amener l'Union européenne (UE) à se poser des questions, estime Philipp Hildebrand, ancien président de la Banque nationale suisse (BNS). Pour lui, des réformes sont nécessaires.
L'Europe ne peut pas se permettre d'ignorer le résultat du vote et les craintes des Suisses, a-t-il écrit dans une tribune publiée mercredi par le "Financial Times". Le monde politique de l'UE devrait y regarder de plus près, et remarquer que "divers aspects de l'intégration européenne ne disposent plus d'un soutien très large".
Selon M. Hildebrand, l'UE doit se réformer à défaut de perdre sa légitimité démocratique. Il voit une piste dans une autorité financière commune pour les 18 Etats de la zone euro. Les autres membres de l'UE, qui ne veulent pas adhérer à l'euro, devraient se concentrer à nouveau sur la collaboration commerciale et douanière.
Avec une stratégie à deux voies de ce genre, des pays comme le Royaume-Uni ou la Suisse pourraient retrouver une forme de participation ou de relation à l'Europe qui serait aussi soutenue par leur population, estime M. Hildebrand.
L'ancien président de la BNS, qui a depuis sa démission accédé à la vice-direction de Blackrock, le plus grand gestionnaire mondial de fortune, met aussi en garde contre les incertitudes qui planent sur l'avenir de l'UE. Ces doutes se paient en termes de croissance, et l'UE doit se donner comme objectif prioritaire de les éliminer.
Pour ce qui concerne la Suisse, Philipp Hildebrand évoque l'éventualité d'un "deuxième conseiller fédéral d'extrême-droite". Ces deux personnes devraient prendre en charge les négociations-clés avec l'UE, et en assumer la responsabilité.
Quant au résultat vote du week-end dernier, il reflète la détermination de l'UDC. Les partis du centre et du centre-gauche ont esquivé le combat. Mais dans un match de boxe, il faut user des deux poings pour vaincre, dit encore M. Hildebrand.