Les députés allemands ont approuvé vendredi une amélioration des retraites pour 60 milliards d'euros (73 milliards de francs). Elle est vivement décriée comme un non-sens économique dans un pays vieillissant, y compris par des membres de la coalition d'Angela Merkel.
Ce train de mesures sur la retraite, voté à deux jours des élections européennes, permet à certains salariés de partir à la retraite à 63 ans, au lieu des 67 ans qui doivent devenir progressivement la norme. Il réhausse aussi le montant des retraites pour les mères de famille qui ont eu des enfants avant 1992. Le tout au nom de la "justice sociale" et pour un total de 60 milliards d'euros d'ici à 2020.
Aux côtés du salaire minimum et de la réforme du marché de l'énergie, c'est un des gros projets du gouvernement Merkel III. Et jusqu'ici le plus laborieux à mettre sur pied: jusqu'en début de semaine, le camp conservateur de la chancelière (CDU/CSU) et ses alliés sociaux-démocrates (SPD) ont négocié d'arrache-pied pour se mettre d'accord sur les détails.
Au Bundestag vendredi, le texte a finalement recueilli une écrasante majorité, de 460 oui sur 584 suffrages exprimés.
C'est "une politique équitable en direction des mères de famille âgées et des gens qui ont travaillé particulièrement longtemps", selon Mme Merkel. La réforme permet à "ceux qui ont contribué à assurer notre prospérité d'en profiter aussi", a déclaré vendredi sa ministre du Travail, Andrea Nahles.
Un argument qui semble porter auprès des Allemands: 73% d'entre eux saluent le projet, selon un sondage. "Quelques gagnants, beaucoup de perdants", titrait pourtant vendredi le quotidien de centre-droit Frankfurter Allgemeine Zeitung.
La caisse de retraite publique allemande estime que la réforme profitera "surtout aux retraités actuels et à ceux qui approchent de la retraite" et que son financement n'est "pas adéquat". En d'autres termes, elle se traduira par des hausses des cotisations pour les générations futures.
Les principaux instituts de conjoncture du pays ont dénoncé "un pas dans la mauvaise direction". "Je trouve cela catastrophique", a tempêté le président de la fédération de l'industrie allemande BDI, Ulrich Grillo, "c'est tout le contraire que nous devrions faire".