Le gouvernement grec a tenté jeudi, après un mois d'interruption de toutes les chaînes publiques de télévision, le redémarrage artisanal d'un embryon d'audiovisuel public. Faute de contenus originaux, le nouvel organisme s'est contenté de rediffuser des fictions et des documentaires.
Du noir et blanc, des mélodies des années 1960, des films avec des acteurs disparus, des documentaires archéologiques: les premières heures de la "télévision publique" (EDT), son nom provisoire, ont conduit les téléspectateurs vers un passé éloigné du marasme économique et social dans lequel se débat le pays.
Les trois chaînes de la défunte radiotélévision publique ERT avaient été abruptement fermées le 11 juin, il y a un mois exactement, par décision du gouvernement d'Antonis Samaras pour, selon lui, mauvaise gestion. Cette mesure devait permettre à la Grèce d'économiser 300 millions d'euros par an et d'afficher à fin juin un solde net de près de 2700 postes en moins dans le secteur public.
La petite équipe chargée de relancer le nouvel audiovisuel public grec présente une allure aussi bigarrée que les programmes, ironisaient jeudi plusieurs médias grecs. Elle est constituée d'un "technicien à la retraite, un ancien réalisateur de l'ERT passé sur une chaîne privée, un cadre du centre grec du cinéma, un salarié de la chaîne parlementaire", a précisé le journal "Eleftherotipia".
Logo décrié
Les commentaires n'étaient pas plus charitables envers le logo de la nouvelle entité.
Coup de griffe supplémentaire à ce lancement chaotique: le réalisateur de 84 ans, Robert Manthoulis, dont le film "Madame le maire" (1960), a inauguré la programmation, jeudi soir, a annoncé son intention de demander des dommages et intérêts pour une diffusion sur une chaîne "méprisable".
Légalement, le gouvernement était lui contraint de relancer le signal d'une télévision publique après une décision du Conseil d'Etat ordonnant la reprise temporaire des programmes.
Mais il est confronté à un problème de taille: au siège de la chaîne publique historique ERT, dans le nord d'Athènes, des dizaines d'employés continuent de se relayer quotidiennement pour proposer émissions et bulletins d'informations diffusés sur Internet.