Le rouble chutait de 41% face au dollar et 34% face à l'euro mardi soir, à l'issue du pire exercice en quinze ans pour les marchés russes. Celui-ci a été marqué cette année par la crise ukrainienne et la chute des cours du pétrole.
Sur le marché boursier, le bilan de 2014, qui se finit avec la pire crise monétaire depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 1999, est tout aussi noir. L'indice RTS, libellé en dollar a plongé de 45%, tandis que le Micex, épargné car libellé en roubles, a cédé malgré tout 7%.
Les marchés financiers russes resteront fermés mercredi à la veille du Nouvel an et rouvriront partiellement à partir du 5 janvier. Les échanges ne reprendront complètement que le 12 janvier, fin de la longue période de jours fériés qui marquent les fêtes en Russie.
En hausse mardi, le rouble valait vers 55,70 roubles pour un dollar vers 18h30, contre 32,83 roubles à fin 2013 et 68,82 roubles pour un euro contre 45,32 roubles, soit des chutes respectives de 41% et 34%. Le rouble et la monnaie ukrainienne, la hryvnia, finissent l'année en queue de peloton des monnaies des pays émergents.
La monnaie russe a repris des couleurs après avoir subi les 15 et 16 décembre son pire plongeon depuis le placement de la Russie en défaut de paiement en 1998. Elle avait alors atteint 80 roubles pour un dollar et 100 roubles pour un euro, des niveaux cauchemardesques pour la population, qui s'est ruée en masse pour convertir des devises.
Le ministre de l'Economie, Alexeï Oulioukaïev, a estimé ce week-end que les Russes avaient vendu cette année pour plus de 30 milliards de dollars de roubles. Ce qui représente le quart des fuites des capitaux subies par le pays cette année.
Si la crise monétaire s'est apaisée, son prix s'annonce lourd pour l'économie russe, fragilisée et isolée par les sanctions occidentales imposées pour l'annexion de la Crimée et le soutien de Moscou aux séparatistes de l'est.
L'inflation, autour de 11% sur un an actuellement, pourrait, selon les analystes, atteindre 20% dans les mois à venir. Le gouvernement prévoit une récession qui pourrait voir le produit intérieur brut (PIB) chuter de plus de 4% en 2015, alors que la croissance s'est maintenue autour de 0,6% cette année.
L'activité devrait être plombée par les six hausses de taux décrétées dans l'année par la banque centrale pour défendre le rouble, dont un durcissement monétaire radical mi-décembre, avec un taux directeur porté à 17%, contre 5,5% au début de l'année.