'Epuisé'. C'est le premier mot qui vient à l'esprit de Jérémy Desplanches à l'heure d'exprimer son ressenti après les championnats de France en grand bassin.
Mais le Genevois estime que ses 1'57''76 réussis dimanche sur 200 m 4 nages sont 'plutôt prometteurs'.
Le champion d'Europe 2018 et vice-champion du monde 2019 de la discipline est visiblement soulagé. 'J'ai approché deux de mes records (sur 100 m papillon et 100 m brasse), j'en ai battu un (sur 200 m papillon) et je suis à une seconde de mon meilleur temps sur la course la plus exigeante, le 200 m 4 nages', explique-t-il.
'L'objectif était de trouver mes marques, de savoir où j'en étais. Je suis content. Ces 1'57''76 sur 200 m 4 nages sont plutôt prometteurs. Je n'ai jamais nagé aussi vite en décembre', confie-t-il à Keystone-ATS. 'Cela valait la peine de ne pas me relâcher à l'entraînement', ajoute-t-il.
'Les adducteurs fracassés'
Ces championnats de France, disputés sans public ('l'ambiance était vraiment molle', souffle-t-il), avaient une saveur d'autant plus particulière qu'ils constituaient sa première vraie compétition depuis plus d'un an. 'Les sensations étaient assez étranges lorsque je me suis retrouvé sur le plot de départ jeudi', souligne-t-il.
'Cela n'a rien à voir avec les tests de cet été. Là, il y avait 30-40 concurrents qui visaient la finale. Il m'a fallu une ou deux courses pour me remettre dedans', explique le Niçois d'adoption. 'C'était sympa. Mais je n'avais pas le droit à l'erreur comme lors d'un entraînement. Je devais sortir une bonne course.'
Le contrat est rempli. Jérémy Desplanches est resté à 1''20 de son record sur 200 m 4 nages (1'56''56). Dimanche soir, il a perdu 0''98 sur la portion de brasse par rapport à son chrono des Mondiaux 2019. 'J'avais nagé le 200 m brasse deux jours avant, et le 100 m brasse la veille. J'avais les adducteurs fracassés', lâche-t-il.
'Je ne m'entraîne pas suffisamment en brasse pour enchaîner autant de courses dans cette discipline', explique Jérémy Desplanches, qui avait donc nagé à fond 600 m en brasse (deux courses sur chaque distance) avant de s'aligner sur sa discipline fétiche dimanche. 'J'avais des contractures des deux côtés', ajoute-t-il.
'J'ai dû mettre la gomme en dos afin de relâcher mes jambes en brasse. Sinon, je n'aurais pas pu finir cette finale', sourit le Genevois, qui tenait à conclure en beauté une année 2020 'super compliquée. On a pu s'entraîner après le confinement. Mais on n'a pas eu l'occasion de montrer ce qu'on valait', glisse-t-il.
Un chemin 'semé d'embûches'
'Je me suis demandé si je n'étais pas trop vieux, si j'avais encore ce truc en plus', confie même un Jérémy Desplanches pleinement rassuré concernant son état de forme. Mais forcément pas concernant son avenir proche. 'Le chemin menant aux JO de Tokyo sera semé d'embûches', affirme-t-il.
'J'espère que les compétitions vont reprendre avec des plateaux relevés', clame-t-il. 'Mais je ne pense pas que ce sera le cas. On ne voyagera pas comme on le voudrait. On arrivera probablement aux Jeux en ayant simplement suivi nos adversaires à distance. Il s'agira d'être très flexible.'
Le Genevois reste serein. 'Je dois juste continuer à m'entraîner de mon côté, bien au chaud. En tout cas le travail sera bien fait', assure-t-il. 'Mon premier objectif sera d'aller chercher un podium aux Européens (réd: en mai). Mais ce qui compte, c'est les JO. J'ai ça en tête depuis quatre ans, je n'attends que ça', souligne-t-il.
'Les sponsors sont très craintifs'
A l'heure de songer aux cadeaux de Noël, Jérémy Desplanches ne rêve pour l'instant que d'une chose. 'Que l'on puisse trouver une solution à cette situation, afin que le monde puisse reprendre un sens, que les gens puissent travailler, que l'on puisse à nouveau pratiquer notre sport en faisant rêver les gens', lâche-t-il.
'Et je prendrais un peu de chocolat et de foie gras pour me faire plaisir à Noël', rigole-t-il, avant de reprendre plus sérieusement. 'La situation est délicate pour beaucoup de sportifs de haut niveau. On n'est pas les plus à plaindre, mais on n'est pas les plus vernis non plus. Les sponsors sont très craintifs', explique-t-il.
'C'est impossible d'en démarcher, de leur demander en plus de croire en nos projets', constate Jérémy Desplanches. 'J'ai la chance d'avoir le Team Genève et plein de petits sponsors qui me permettent de m'entraîner sereinement. Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Si j'avais un voeu à exaucer, ce serait que les sportifs n'aient pas trop à se soucier de leurs fins de mois', conclut-il.
/ATS