La Suisse a laissé passer une immense chance de médaille lors du Mondial. 'C'est dur d'accepter cet échec', convient le directeur des équipes nationales Lars Weibel.
-Lars Weibel, qu'est-ce qui vous a le plus déçu dans l'élimination en quart de finale contre l'Allemagne?
'Le fait que le jour J, lors du match le plus important, nous n'ayons pas été à la hauteur. Auparavant, nous avions une fois de plus dominé et proposé un jeu fantastique.'
-Les planètes n'auraient pourtant pas pu être mieux alignées. Cela doit rendre cet échec encore plus amer...
'Absolument. Nous étions parfaitement préparés, nous avions le meilleur effectif possible, tout était parfait. En partant de ce constat, c'est dur d'accepter cet échec.'
-Le sélectionneur Patrick Fischer s'est montré très autocritique après la défaite, disant qu'il était déçu de ne pas avoir réussi une nouvelle fois à faire en sorte que l'équipe soit prête le jour J. Pourquoi, selon vous, devrait-il y parvenir la prochaine fois?
'C'est une question difficile. Pourquoi pas? Le fait est que nous avons terminé deux fois en tête de notre groupe, que nous avons dominé les meilleures nations, que nous avons gagné après avoir été menés au score, que nous avons imposé notre jeu à plusieurs reprises. Nous sommes convaincus d'être sur la bonne voie, nous avons confiance en nous. Mais bien sûr, nous devons discuter de la raison pour laquelle nous n'étions à nouveau pas prêts le jour J. Est-ce un problème mental? C'est possible. Mais j'ai du mal à le croire avec des joueurs dans l'effectif qui ont été champions, qui ont gagné un septième match en play-off de NHL, qui ont montré de bonnes performances pendant une saison. C'est peut-être tout simplement une question de mentalité, l'ADN d'une équipe suisse n'est pas forcément fait pour ce genre de match. Quoi qu'il en soit, tout n'est pas noir ou blanc. Mais clairement, si nous arrivions à la conclusion que nous avons besoin d'un coach mental, nous en ferions venir un.'
-Avant les quarts de finale, le sentiment qui prévalait parmi les joueurs était que quelque chose de spécial était né entre eux. La bonne ambiance a été maintes fois soulignée. Fait-il trop bon vivre au sein de la sélection?
'Je ne pense pas, non. Nous avons resserré la vis et fixé une ligne claire, alors que les joueurs avaient joui de trop de liberté l'année précédente. Comme nous avons majoritairement bien joué, ce n'est pas le problème. Patrick (red: Fischer) parvient à trouver le bon équilibre. Je suis convaincu que les joueurs n'ont pas une belle vie en équipe nationale et que ce n'est pour cela que le match le plus important a été perdu. Mais c'est aussi un point que nous devons discuter, peut-être devrons-nous effectivement procéder à d'autres ajustements à ce niveau. Je reste cependant persuadé que nous avons fait beaucoup de choses justes et que juger la performance pure serait une erreur. Je crois en la continuité, la patience et l'assurance. C'est comme ça que le succès viendra. D'autres nations, d'autres clubs de sport l'ont prouvé et cela n'a rien à voir avec de belles paroles.'
-Vous avez vous-même fait l'objet de critiques parfois sévères. Y a-t-il quelque chose que vous vous reprochez?
'Je suis responsable de la mise en place, de la préparation, d'un environnement optimal et de la meilleure composition possible de l'équipe. C'est à cela que je vais et que je dois analyser. Nous allons regarder cela de près. Je prends les critiques très au sérieux lorsqu'elles sont fondées. Mais si c'est l'homme qui est visé, je ne m'en soucie pas.'
-Cette semaine, vous allez mener une analyse précise du Mondial. Comment se déroule-t-elle concrètement?
'Tout d'abord, nous allons avoir un échange avec les coaches. Chacun répondra à la question: A-t-il assumé ses tâches conformément à son cahier des charges? Nous nous mettons mutuellement au défi. Ensuite, nous verrons quelles adaptations tactiques sont nécessaires, sachant que beaucoup de choses ont bien fonctionné. Nous demanderons aussi un feed-back à l'équipe. Ceci dit, la marche de manoeuvres est de plus en plus étroite. Nous avons progressé chaque année, il n'y a plus des dizaines de chantiers. Nous sommes convaincus d'être sur la bonne voie. Mais c'est difficile à vendre quand on a perdu le match le plus important.'
-D'autant plus que vous avez perdu pour la troisième fois consécutive un quart en tant que favoris. Vous auriez dû impérativement atteindre les demi-finales au moins une fois. D'accord avec ça?
'Absolument. Il n'y a rien à redire à cela, nous en sommes conscients. Ce n'est pas comme si l'Allemagne avait été incroyablement bonne. Nous aurions dû gagner ce match. Mais au risque de me répéter, le chemin est le bon.'
-Cette nouvelle déception ne devrait donc pas avoir de conséquences?
'Pour l'instant, c'est comme ça. Selon moi, les conséquences n'ont de sens que si les performances ne sont pas bonnes, si des points sont perdus contre des équipes comme le Kazakhstan. Mais ce n'est pas le cas. Il s'agit donc de prendre des décisions intelligentes qui tiennent la route. Changer pour changer, tout le monde peut le faire. Ce serait le plus simple. Mais est-ce la solution? Je n'ai pas de responsabilité envers les médias, j'ai une responsabilité envers le hockey suisse, envers les jeunes qui ont des perspectives, envers les fans et envers les sponsors. J'assume cette responsabilité. C'est pourquoi nous allons procéder à une analyse précise. Il ne s'agit toutefois pas explicitement de savoir qui est responsable de l'échec, mais de savoir ce que nous devons améliorer. La deuxième question est: de quoi avons-nous besoin pour cela? Mais oui, nous ne pouvons pas échouer éternellement en quart de finale, à moins que nous n'ayons plus l'équipe pour atteindre l'objectif du dernier week-end.'
/ATS