Procès du drame du Grand-Pont: l'accusé n'a pas d'explication

LAUSANNE - Les psychiatres ont confirmé leur conclusion d'irresponsabilité au premier jour du procès du chauffard du Grand-Pont, à Lausanne. Contre toute attente, l'accusé s'est exprimé mais il ne se souvient pas des circonstances du drame. Le 8 juillet 2003, en plein midi, cet ancien coureur de fond avait fauché neuf personnes sur un trottoir lausannois, avant de percuter la rambarde du Grand-Pont et de s'écraser sur la rue en contrebas. Trois personnes, dont une femme enceinte, avaient été tuées et sept autres blessées, pour certaines très grièvement. L'accusé, qui s'était peu exprimé durant l'enquête, a abondamment parlé à l'audience, mais il ne se souvient pas des faits. Juste avant le drame, il manipulait son autoradio. "J'écoutais NRJ, je voulais mettre la Suisse romande". Puis c'est le trou noir. "Je n'ai pas d'explication facile", a-t-il dit. "Je ne sais pas comment cela s'est passé. Je ne l'ai pas fait volontairement. Je ne me souviens de rien", a-t-il déclaré à la Cour avant de demander pardon aux victimes. Pour le reste, l'accusé, un Algérien de 39 ans en Suisse depuis le début des années 90, a multiplié les propos peu cohérents. Il a expliqué qu'il se sentait "poursuivi par des gens" et qu'il était victime d'un "complot". Cet ancien aide-infirmier raconte aussi qu'un médecin lui a mis un corps étranger dans la tête. "C'est comme une pièce de cinq centimes. Elle me fait mal partout dans le corps". Pour calmer ses craintes, la présidente du tribunal, Marianne Fabarez, a ordonné un scanner. Les médecins, deux spécialistes des expertises judiciaires, ont confirmé leurs conclusions d'irresponsabilité pénale, un des points centraux du procès. A leurs yeux, l'accusé est paranoïaque. A l'audience, le professeur Harding a toutefois nuancé sa perception du drame, n'excluant pas un acte meurtrier ou suicidaire. Mais cette préméditation n'exclut pas une irresponsabilité, a-t-il expliqué. Les avocats des victimes, Me Elie Elkaïm et Jacques Barillon, ont contesté ce diagnostic d'irresponsabilité. Pour eux, l'accusé se débattait au moment du drame dans une crise personnelle et professionnelle. La Cour a entendu l'une des jeunes femmes qui a été gravement touchée. "Je n'éprouve ni haine, ni colère à l'encontre de l'accusé. Soit il a une conscience et il va mal. Soit il n'en n'a pas, et il ne se rend pas compte", a-t-elle déclaré. /ATS


 

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