Les géants du monde végétal ont les moyens de se protéger du climat chaud. Si certaines conséquences des hautes températures, à l’instar des incendies, sont fatals pour forêts, les arbres sont capables de s’adapter rapidement aux conditions de vie actuelles. Ils ferment par exemple leurs stomates, les pores à la surface des feuilles, afin de limiter la perte en eau. Certaines essences laissent tomber leurs feuilles de manière précoce, avant l’arrivée de l’automne. Ce phénomène de défense permet aux arbres de se recentrer en économisant des forces. Une astuce que les bois du Jura bernois n’ont pas encore dû utiliser, en contraste avec d’autres régions en Suisse et en Europe, analyse le chef de la Division forestière Rénald Queloz. Mais ce n’est pas tout. Les arbres ont les moyens de collaborer avec d’autres êtres vivants pour lutter contre la sécheresse. Une symbiose entre les racines des arbres et les champignons qui vivent à leurs pieds est indispensable à la défense des essences. Chaque partie apporte son aide à l’autre à travers des apports nutritionnels. Enfin, certains prédateurs éliminent un ennemi majeur des arbres : le bostryche, un insecte qui aime se reproduire sous les écorces. Il coupe la circulation en eau des troncs et affaiblit le bois, relate Rénald Queloz.
Rénald Queloz : « Les arbres limitent leur transpiration en fermant les stomates »
Ces phénomènes de défense ont toutefois des limites. Quand la résine ne suffit plus à s’en sortir contre les bostryches, la Division forestière est obligée d'en faire plus que de rester simplement à l’affût. Le service de gestion des forêts vient en aide aux arbres et doit repérer les dégâts suffisamment tôt. Les hêtres souffrent avant tout des hautes températures, mais les résineux tels que les sapins et les épicéas ont besoin de la Division pour ne pas être envahis par les bostryches. Rénald Queloz raconte qu’il faut parfois couper ces essences pour limiter la propagation des insectes sur d’autres arbres. L’idée du service de gestion est de soigner la santé des arbres forts, dont les couronnes doivent être dégagées et en contact avec la lumière.
« Rajeunir les forêts aide les essences à rester en santé »
Les arbres ont connu plusieurs canicules ces dernières années, notamment en 2003 et en 2013. Cependant, les hautes températures actuelles sont plus compliquées à gérer. La canicule est en effet inscrite dans un cycle plus régulier cette année, relève le chef de la Division forestière. En plus des hêtres, les essences résineuses sont les plus sensibles à la sécheresse. Les couronnes de ces variétés deviennent jaunes depuis les cimes et le phénomène se propage au fil du temps si la période chaude se poursuit.
« Le hêtre, le sapin et l’épicéa souffrent particulièrement du réchauffement climatique »
Changement climatique oblige, les résineux ont plus de chance de souffrir dans un avenir proche, plutôt que les feuillus, avance Rénald Queloz. Les chênes, les merisiers et les tilleuls pourraient davantage s’en sortir, même si les températures continuent d’augmenter dans le Jura bernois. Toutefois, la Division avoue qu’elle ne connaît pas encore suffisamment les capacités d’adaptation des arbres. En cas de besoin, des variétés d’arbres suisses ou européens pourront être importées dans le Jura bernois.
« On pourrait utiliser des essences présentes ailleurs en Suisse, voire en Europe »
Les chaleurs torrides devraient durer encore ces prochains jours. Certains arbres ont besoin de plusieurs centaines de litres d’eau par jour dans nos régions, conclut Rénald Queloz. /tch