Les députés grecs ont voté en faveur de la création d'une commission d'enquête sur les origines des plans d'austérité. Ce vote intervient après cinq ans de silence parlementaire sur la question, a regretté le Premier ministre Alexis Tsipras.
Le principe de la mise sur pied de la commission a été adopté par 156 voix pour, sur un total de 250 députés présents. Pour le reste, 72 parlementaires ont voté contre et 22 se sont abstenus.
Constituée de scientifiques et de juristes, la commission sera chargée d'examiner l'origine de la dette grecque et des plans d'austérité mis en place à partir de 2010 en échange de l'aide financière de l'UE, de la BCE et du FMI (240 milliards d'euros).
Grand adversaire des plans d'aide qui ont imposé à la Grèce des mesures d'austérité draconiennes, Alexis Tsipras avait fait de la création de cette commission l'une de ses promesses électorales. Son parti de gauche radicale Syriza a emporté les législatives du 25 janvier dernier.
'Besoin de comprendre'
Lundi soir devant le Parlement, M. Tsipras a vigoureusement défendu la création de cette commission. 'Les questions qui se posent sur ces cinq dernières années de plans d'austérité sont immenses' et 'le peuple a le droit d'avoir des réponses', a-t-il plaidé.
'Le peuple grec a besoin de comprendre comment le pays a accepté des mesures qui ont fait augmenter la dette, passée de 124% du PIB au début de la crise à 175% aujourd'hui, qui ont conduit à l'augmentation du chômage, aux baisses des salaires et à l'exode des jeunes diplômés', a encore déclaré M. Tsipras.
'La commission doit examiner les conséquences désastreuses du PSI (échange de dette mené par le secteur privé en mars 2012) sur les caisses d'assurance et comment cela a permis d'alléger la charge des banques allemandes'. La commission devrait rendre ses premières conclusions en juin.
Contre-proposition
L'ex-Premier ministre conservateur Antonis Samaras, aujourd'hui chef de l'opposition de droite, a accusé M. Tsipras de chercher à détourner, par cette commission, l'opinion publique des questions les plus urgentes pour l'économie grecque.
Son parti, la Nouvelle Démocratie, a fait une contre-proposition pour que la question de l'origine de la dette soit étudiée sur une période allant de 1981 à aujourd'hui.
Réparations allemandes
Ce débat parlementaire, qui avait débuté samedi, s'est penché aussi sur la question des réparations pour l'occupation allemande. Le secrétaire d'Etat au Budget, Dimitris Mardas, a indiqué que ses services avaient évalué à 278,7 milliards d'euros le montant des réparations de guerre dues par l'Allemagne à la Grèce, à la suite de l'occupation du pays entre 1941 et 1944.
La somme de 278 milliards comprend un prêt forcé de 10,3 milliards d'euros exigé de la Banque de Grèce par les occupants, ainsi que les dommages subis par les 'particuliers et les infrastructures' du pays. Un rapport de la Comptabilité nationale grecque avait par le passé évalué le montant des réparations à 162 milliards d'euros.
Le débat sur les réparations allemandes a ressurgi depuis le début la crise économique en Grèce. Le gouvernement Syriza revendique le paiement de ces réparations. Pour Berlin, la question des réparations et des dédommagements de guerre a été définitivement réglée via des traités internationaux.
/ATS