La votation contre l'immigration de masse a marqué "un temps d'arrêt" pour la Suisse, a estimé mardi à Berne le président italien Giorgio Napolitano, au premier jour de sa visite d'Etat. Côté fiscalité, Didier Burkhalter a demandé la fin des "listes noires" contre les entreprises et les particuliers suisses.
M. Napolitano, 88 ans, n'a pas caché dans son discours que le vote du 9 février avait provoqué "du trouble" en Italie. Il s'est toutefois dit certain que ce résultat ne remettra pas en cause l'ouverture de la Suisse, ancrée dans son histoire multiculturelle.
Il a cité la présence de nombreux travailleurs italiens en Suisse et l'accueil accordé aux pères de l'Unité italienne, puis aux juifs et aux antifascistes italiens pendant la Seconde Guerre Mondiale, époque où lui-même était dans la Résistance.
Le chef de l'Etat italien a salué le signal "positif" du mandat de négociation pour un accord institutionnel entre l'UE et la Suisse. La présidence italienne de l'UE, à partir de juillet, contribuera peut-être à "faciliter la compréhension" entre les deux acteurs, a-t-il espéré.
L'UE et la Suisse partagent des valeurs de paix, de démocratie, d'Etat de droit, de respect des minorités et de dignité humaine qui sont mises au défi en Ukraine, a souligné pour sa part le président de la Confédération.
Sujet de discorde entre Rome et Berne, le différend fiscal est au centre des discussions "depuis trop longtemps", a estimé Didier Burkhalter. Les relations entre deux pays amis "ne méritent pas d'être freinées par des listes noires", a-t-il insisté, appelant à des "solutions constructives".
Le précédent gouvernement italien avait exclu, fin janvier, le scénario d'imposition à la source souhaité par la Suisse. Berne jugeait discriminatoire le programme d'amnistie partielle qu'envisageait l'Italie pour les évadés fiscaux.
Mardi, Eveline Widmer-Schlumpf s'est réjouie des progrès accomplis sur les questions fiscales. Et M. Napolitano a salué les efforts de la conseillère fédérale en matière d'argent propre.
