Cette fois, la Streif n'a pas résisté à Beat Feuz. Après avoir terminé quatre fois deuxième, le Bernois a remporté la première descente de Kitzbühel vendredi.
2016. 2018. 2019. 2020. Et 2021? Non, la malédiction est finie: Beat Feuz s'est enfin imposé à Kitzbühel, qui lui échappait depuis tant d'années pour quelques centièmes. Mais ce vendredi, ceux-ci ont été avec le Suisse, qui a devancé de seize centièmes Mathias Mayer, lequel lui avait soufflé la victoire l'année dernière.
Manière de se venger du passé. Tout cela est désormais derrière. A bientôt 34 ans, Beat Feuz fait partie de ceux qui ont dompté la Streif. Il fallait peut-être attendre qu'il s'agisse d'une descente de 'substitution', venue remplacer celle du Lauberhorn, son jardin, qui était prévue la semaine dernière. Ce Wengen 'déplacé' à Kitzbühel lui a donc souri comme s'il avait été à la maison.
Intraitable maîtrise
Il est le premier représentant helvétique à s'y imposer depuis Didier Cuche, maître incontesté des lieux avec ses cinq victoires, la dernière en 2012. Et voilà Feuz délesté de la pression avant la seconde course (la 'vraie', cette fois) prévue samedi. L'hypothèse d'un incroyable doublé a déjà de quoi le faire rêver.
Et cela est légitime. Vendredi, le Bernois, parti avec le dossard numéro 5, a couru avec la maîtrise dont il s'est fait l'habitude, rendant minimes les quelques erreurs inhérentes à un tracé de cette exigence. Sur le haut de l'Hahnenkamm, il est surtout parvenu à emmagasiner assez de vitesse pour créer des écarts. Mais sans être pour autant le plus rapide, contesté par Mayer, Paris (3e à 0''56) ou encore Johan Clarey (4e à 0''89). Mais Feuz est puissant, résistant et, pour la première fois donc sur la Streif, intraitable.
Capable de gérer une vitesse parfois très élevée en arrivant sur les sauts puis de corriger légèrement sa trajectoire à la réception, le triple tenant du titre du globe de la discipline a cette fois eu la 'chance' d'être imbattable. Au contraire des années précédentes, il n'a vu personne descendre sur un nuage. Cela change la donne. La régularité du Kugelblitz a finalement été récompensée. Il était temps.
Kryenbühl chute lourdement
Mais cette victoire n'aura sans doute pas la saveur qu'elle devrait avoir dans le camp suisse. Car si Carlo Janka a pris une bonne 6e place, Urs Kyrenbühl a en effet été victime d'une énorme chute sur le saut final. Déséquilibré vers l'avant à plus de 140 km/h, le Schwytzois, conscient, est resté de très longues minutes allongé juste avant l'aire d'arrivée et entouré de plusieurs représentants du corps médical. Il a ensuite été évacué par hélicoptère, sans que plus d'informations sur son état de santé n'aient été communiquées.
Ce dernier saut a souvent été l'objet de fortes critiques, en raison de sa dangerosité. C'est notamment là que Daniel Albrecht était parti à la faute en 2009, avant de devoir être plongé dans un coma artificiel durant trois semaines et de connaître de sérieuses complications. A noter que jeudi, lors du second entraînement, le Français Johan Clarey avait déjà chuté au même endroit.
La course, lancée à 11h30, a été interrompue à plusieurs reprises après les chutes de Ryan Cochran-Siegle (également évacué par hélicoptère pour des douleurs à l'épaule), Kryenbühl, mais également en raison d'un vent qui s'est levé. Au point de faire croire à une non-homologation de la course. Cela aurait été le cas si le nombre des trente partants n'avait pas été atteint. Il a fallu attendre 14h15 pour que la délivrance intervienne enfin. Et que l'organisation décide d'en finir. Heureusement pour Feuz.
/ATS