Comment un bus qui présente des signes inquiétants depuis la Vallée de Delémont peut finir par brûler dans le tunnel de Montaigre une trentaine de kilomètres plus loin, sans que rien ne permette de l’intercepter ? La question peut se poser au lendemain de la révélation par le Ministère public des premiers éléments de l’enquête dans l’affaire de l’incendie d'un car français près de Porrentruy jeudi dernier. Selon des témoignages, de la fumée émanant du véhicule était déjà perceptible à hauteur de Glovelier. Malgré les appels de phares et klaxons des automobilistes, en dépit de l’important dispositif de vidéosurveillance sur l’A16, il a pu poursuivre sa route.
Impossible de contrôler toutes les images en temps réel
Ce car est passé au travers de toutes les mailles du filet de sécurité. Pas moins de 250 caméras sont en effet braquées continuellement sur le tronçon jurassien de l’autoroute A16. Toutes les images arrivent au centre opérationnel de la police à Delémont. Deux agents sont là en permanence pour réceptionner les appels et réagir aux alarmes qui se déclenchent, « mais impossible pour eux de contrôler en temps réel toutes les images qui défilent sur les nombreux écrans », confie le lieutenant Pierre-Alain Michel. Ce qui explique donc que les agents n’aient pas remarqué en direct sur la vidéosurveillance ce dégagement de fumée ou les appels de phares des autres automobilistes.
La police avertie une fois le car en feu
Second problème, la police affirme n’avoir reçu « aucun appel faisant état d’un bus en difficulté sur l’autoroute ». La première alerte est parvenue lorsque le car était déjà en feu dans le tunnel de Montaigre, trop tard. Reste les alarmes qui ne se déclenchent, elles, qu’en cas d’incendie. Aussitôt, au centre des opérations de la police, quatre écrans de contrôle supplémentaires s’allument pour retransmettre les images des caméras les plus proches. Jeudi dernier, l’alarme s’est en effet déclenchée mais, là encore, seulement lorsque le bus a pris feu. Elle n’avait aucune raison de se déclencher plus tôt sur le parcours du véhicule. Malgré les signes avant-coureurs du sinistre, le car n’a donc pas pu être intercepté ni forcé à s’arrêter. /jpi