Les Suisses balayent l'initiative Monnaie pleine

La proposition de donner à la Banque nationale suisse le monopole de l'émission monétaire a ...
Les Suisses balayent l'initiative Monnaie pleine

La proposition de donner à la Banque nationale suisse le monopole de l'émission monétaire a été refusée à 75%

La Banque nationale n'aura pas le monopole de la création d'argent. Les Suisses ont balayé dimanche l'initiative dite « Monnaie pleine » à 75,7%. Aucun canton n'a accepté ce texte. Neuchâtel l'a rejeté à 74%, le Jura à 72% et le canton de Berne à 76%.

 

L'éventualité d'une nouvelle crise financière et ses conséquences étaient en toile de fond du débat. L'initiative « Pour une monnaie à l'abri des crises: émission monétaire uniquement par la Banque nationale! » affirmait pouvoir mieux lutter contre les bulles financières et les faillites bancaires. Les comptes en banque seraient aussi sûrs que des espèces dans un coffre-fort. Et l'Etat n'aurait plus à sauver des banques à coups de milliards versés par les contribuables. Durant la campagne, seule une petite partie du monde politique, essentiellement dans les rangs roses-verts, a été séduite par ces promesses.

 

Accueil plus favorable à Genève

 

L'initiative a reçu quelques soutiens d'estime. A Genève, où le PS et les Verts appelaient à voter oui, Monnaie pleine n'a été refusée que par 59,7% des votants. Le coordinateur de la campagne romande Jean-Marc Heim parle même de succès au niveau national, car le texte a « réveillé une conscience au sein de la population ». Reste que le refus a été net au plan fédéral. Plus de 1,379 million de votants ont glissé un non dans l'urne contre environ 442'000 oui. Les rejets les plus forts sont venus d'Obwald (82,1%), de Nidwald (81,9%) et de Schwyz (81%). Dans tous les autres cantons, Genève mis à part, le "non" dépasse les 70%.

 

Réforme risquée

 

Beaucoup ont craint que la Suisse ne joue les apprentis sorciers en se lançant dans une réforme radicale, jamais expérimentée. L'opération était risquée: affaiblissement du secteur bancaire, coûts supplémentaires se répercutant sur la clientèle, indépendance de la Banque nationale remise en cause. Pour éviter les crises, mieux vaut miser sur des instruments tels que ceux que l'on connaît déjà (minima de liquidités et de fonds propres à respecter, couverture de l'argent déposé à la banque).

 

Les débats se poursuivront

 

Le PS Suisse, qui a appelé à voter non, souhaite de nouvelles mesures. Le rejet de « Monnaie pleine » ne doit pas être interprété comme un blanc-seing donné aux banques et au monde de la finance. Pour le conseiller national Olivier Feller (PLR/VD), co-président du comité contre l'initiative, il n'y a en revanche pas d'urgence à agir. Les citoyens aspirent plutôt à davantage de stabilité. Ils estiment qu'il y a d'autres préoccupations, comme les relations avec l'UE, la fiscalité ou les assurances sociales. Les initiants ne se laissent pas démonter. « Les problèmes ne sont pas résolus, la prochaine crise financière va arriver. » Selon Jean-Marc Heim, le système bancaire devra être réformé, notamment pour intégrer la numérisation et réglementer les crypto-monnaies. /ats-mvr


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