Une icône de l’architecture biennoise fête son jubilé. Le Palais des Congrès domine le paysage urbain depuis 50 ans. Avec sa tour de béton et son toit en vague posé sur des murs vitrés, il symbolise la vision du futur qui marquait les années 60. Cette « folie », comme la nommaient déjà les journalistes à l’époque, est au centre de la nouvelle exposition du Nouveau Musée Bienne. Une présentation qui montre que la relation d’amour-haine entre les biennois et leur palais ne date pas d’hier.
Le palais du progrès
A la fin des années 50, les habitants sont déjà divisés en deux camps ; ceux qui voient en un tel bâtiment un pas nécessaire et intrépide vers la modernité, et ceux que son aspect et son prix dérangent. Le boom économique et la croissance de la population fait attendre de grandes choses pour l’an 2000 : une cité de 100'000 habitants, une autoroute suspendue à travers le centre-ville, un horizon garni de gratte-ciels. La folie est osée : en juillet 1959, les citoyens approuvent avec 55% des voix la construction d’une « piscine couverte avec maison des associations et tour de bureaux ». L’architecte, Max Schlup, est biennois. Son projet doit remplir un but démocratique, où l’on puisse aussi bien écouter de l’opéra que faire de la natation. Le bâtiment est érigé en cinq ans, principalement par des ouvriers de l’immigration italienne.
Un emblème controversé
Trente ans plus tard, dans les années 90, la relation des citoyens avec leur Palais est toujours ambivalente : certains trouvent la structure trop chère à entretenir, au point qu’il faudrait la détruire. Mais l’édifice est devenu emblème, il est dans tous les livres sur l’architecture d’après-guerre en Suisse et le fait qu’il rassemble plusieurs espaces sous le même toit lui confère encore une utilité. L'espace est rénové par deux fois. Dernière polémique en date : les plans d’eau sur son esplanade, dans lesquelles la tour et sa pyramide pourraient bien se refléter durant cinquante ans encore. /sca