La Suisse romande perd l’un de ses dessinateurs de presse les plus appréciés. Philippe Becquelin, alias Mix & Remix est mort hier soir à l’âge de 58 ans des suites d’un cancer. Annonce faite par sa famille sur les réseaux sociaux. Ses dessins humoristiques ultra prisés et populaires ont fait le bonheur des lecteurs de L’Hebdo, du Matin Dimanche ou encore des téléspectateurs de l’émission Infrarouge. L’hommage de Gabriel de Weck.
Tout était comique sous le crayon de Mix et Remix. Même les institutions fédérales ou le droit suisse, c’est dire. Il a su résumer les enjeux les plus complexes, les plus sensibles, les plus insignifiants, les plus tristes en scénettes géniales et drôles grâce à ses personnages aux pifs patatoïdes. Que ce soit dans l’Hebdo, Le Matin Dimanche, à Infrarouge, ou au hasard d’un livre ouvert à la bonne page, notre regard était aimanté par ces silhouettes avec la promesse de rire de ce monde si souvent absurde. Aujourd’hui, on se surprend à sourire malgré la tristesse avec ce dessin posté sur les réseaux sociaux : un mourant s’exclame sur son lit d’hôpital : je vois une grande lumière au bout du tunnel. L’infirmière lui répond, « c’est le Tessin ». Mix et Remix nous fait rire jusqu’au bout et pour longtemps encore. Cela peut sembler dérisoire de pleurer la mort d’un dessinateur de presse alors que les bombes ou les camions tuent ici et ailleurs. Mais précisément, Mix et Remix semait de l’humanité là où d’autres sèment la terreur. D'ailleurs Philippe Becquelin a crié les heures au sommet du beffroi de la cathédrale de Lausanne pendant dix ans, gardien d’une tradition datée du XVe siècle, pour protéger la ville des incendies. Avec son crayon, il nous protégeait contre la connerie et la désespérance. Son crayon illuminait nos esprits comme une veilleuse nous éclaire quand la nuit s’installe.
Gabriel de Weck