Le tribunal de Porrentruy a retenu la notion de bande organisée dans l’affaire du vaste trafic de drogue jugée ces derniers jours en 1ère instance. Les quatre prévenus écopent de peines allant de 15 mois de prison avec sursis jusqu’à 4 ans ferme pour diverses infractions graves à la loi sur les stupéfiants. Les faits se sont produits dans le canton du Jura ainsi que dans la région de Bienne et de Berne entre 2013 et septembre 2014. Les chefs de ce réseau avaient avoué les faits et ont déjà été jugés en procédure simplifiée. Pour les autres protagonistes qui comparaissaient depuis mercredi, le tribunal a là aussi mis au jour une mécanique bien huilée.
4 ans pour s'être mis « à l'entière disposition du réseau »
La peine la plus lourde, 4 ans de prison ferme, revient à un intermédiaire. Un homme qui assurait le lien entre des acheteurs et la tête du réseau tenu par deux frères. Cet intermédiaire revendait de la marchandise, remettait l’argent aux supérieurs, effectuait différents voyages à Strasbourg, à Férette (Alsace, France) pour faire tourner la boutique. C’est lui aussi qui a parfois menacé des acheteurs de payer leur dette, prenant soin de préciser à certains de « fermer leur gueule » relève le juge. Il en déduit que l'homme s'est mis « à l'entière disposition des deux frères » qui chapeautaient le réseau. La quantité retenue de stupéfiants revendus, plus de 270 grammes de cocaïne pure, dépasse largement les limites du cas grave. Par ailleurs, le passé déjà bien rempli de cet homme déjà en détention n’a pas plaidé en sa faveur.
Le père tenait le portefeuille
Mais que serait un réseau de trafiquants sans porte-monnaie ? Quelqu’un qui cherche des fonds, contracte des crédits, fait aussi cracher les débiteurs au bassinet afin d’alimenter le trafic de drogue. Ce rôle, c’est le père des deux frères à la tête de la bande qui l’a endossé. « Sans lui, pas de trafic, lui c’est l’argent, le nerf de la guerre », lance le juge d’un ton placide. Le père de famille hoche la tête et tente de contester avant de se faire rappeler à l’ordre. Il écope finalement de 18 mois avec sursis pendant deux ans. Un jugement clément en raison de son absence d’antécédents judiciaires.
Les deux derniers protagonistes, deux jeunes hommes, étaient des revendeurs. Ils ont été condamnés respectivement à deux ans de prison ferme et 15 mois avec sursis pendant deux ans. Les quantités revendues dépassent là aussi les limites du cas grave. Et Pourtant, tout ce petit monde n’a pas gagné beaucoup d’argent en raison des pertes, des imprévus, des règlements de compte entre trafiquants… D’où ce trait d’esprit lancé par le juge aux prévenus : « Les bénéfices de ce trafic se comptent finalement davantage en années de prison qu’en francs ». /jpi