La campagne du vote communaliste se durcit

L’UDC du Jura bernois entre dans la danse. À deux mois du vote communaliste sur l’appartenance ...
La campagne du vote communaliste se durcit

L’UDC du Jura bernois lance officiellement sa campagne en vue du scrutin du 18 juin. Le parti a présenté une affiche jeudi

L’UDC du Jura bernois entre dans la danse. À deux mois du vote communaliste sur l’appartenance cantonale de Moutier, le parti agrarien lance officiellement sa campagne en vue du 18 juin. Il a présenté une affiche jeudi à Moutier. Celle-ci sera prochainement placardée un peu partout dans la cité prévôtoise et envoyée en tous-ménages.

Sur cette affiche, l’UDC JB représente un Jura bernois vert et prospère, opposé à un Jura gris et en manque de moyens, avec des rongeurs qui tentent de grignoter des graines dans le Jura bernois. Son slogan : « Non à l’omerta, non au Jura le 18 juin 2017 ». L’UDC du Jura bernois dénonce ainsi la loi du silence qui serait imposée par le camp du oui, aussi bien à Moutier que dans le canton du Jura.

Avec cette affiche un brin provocante et sa campagne, le parti espère réveiller ce qu'il désigne comme la majorité silencieuse. Selon le président de l'UDC JB, Patrick Tobler, les partisans du non peinent à s'afficher et à donner leur avis, parfois par peur de représailles. /mdu

Patrick Tobler, président de l'UDC JB

Marc Tobler, Patrick Tobler et Pierre-Alain Droz Marc Tobler, Patrick Tobler et Pierre-Alain Droz

Le commentaire d'Alexandre Steiner:

Comme beaucoup, en découvrant cette affiche, je me suis demandé si le graphiste de l’UDC du Jura bernois était un enfant de huit ans, ce qui m’a fait rire quelques instants. Ensuite je me suis dit qu’il devait à présent en avoir douze, puisqu’il avait déjà dessiné celles de la campagne du 24 novembre 2013. Si ce manque de professionnalisme et de renouvellement peut prêter à sourire, le message véhiculé nous remet vite les pieds sur terre.

Par son slogan et le terme d’Omertà, l’UDC du Jura bernois compare une énième fois le canton du Jura à la Mafia, rien de neuf donc, et par son dessin montrant un territoire gris et sale, il insulte l’ensemble de la population jurassienne, même ceux qui n’ont que faire de la Question institutionnelle. Le parti promet que les rats sont des souris, comme en 2013 il nous assurait que les ressemblances avec les ministres jurassiens étaient purement fortuites. Et une fois de plus, on se demande si on ne nous prend pas un peu pour des ânes qui auraient pu égayer les prairies verdoyantes du Jura bernois.

Pour en revenir au message, quel est-il ? Il n’y en n’a pas vraiment, si ce n’est celui de propager la peur et la haine de l’autre. Et je me prends à demander pourquoi ? Pourquoi diaboliser le Jura plutôt que de montrer les avantages du Jura bernois ? Pourquoi jouer la carte de la haine plutôt que celle de l’humour et du message positif ? Pourquoi vouloir réveiller une campagne jugée trop calme… Alors que, justement, toutes les parties s’efforcent tant bien que mal, avec quelques dérapages, de le garantir, ce calme ? Personne ne souhaite revivre les tensions et les violences des années 1970.

Sur ce coup, l’UDC du Jura bernois prend le risque de jeter un chaudron d’huile sur le feu, sans doute dans l’espoir de voir ses adversaires tomber dans le piège afin de mieux les attaquer. Mais le parti agrarien prend aussi le risque de perdre les voix des Prévôtois indécis qui n’apprécieront pas ses méthodes, et tout le monde sait à quel point ces voix seront importantes pour remporter la victoire lors du scrutin du 18 juin. Reste à voir si cette stratégie sera payante, comme elle l’a souvent été sur le plan national, même si les dernières votations fédérales tendent à montrer un certain ras-le-bol.

Les réactions contre l’affiche de l’UDC du Jura bernois sont aujourd’hui vives et indignées, mais aussi souvent pleines d’humour et de dessins d’enfants, et c’est peut-être finalement ça, la meilleure et seule réponse à donner. /ast


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