L’affaire « Elisa » bis a mobilisé le Tribunal pénal de première instance lundi après-midi à Porrentruy. Un homme a été condamné à cinq ans de prison ferme, sous déduction des 420 jours de détention déjà effectués, pour une trentaine de cambriolages menés avec un groupe qui a écumé le Jura et le Jura bernois pendant près de sept mois en 2015. Leur butin atteignait près de 200'000 francs. Deux individus de ce clan ont déjà été jugés en avril dernier. Ils ont écopé de trois ans et demi et quatre ans et demi de peine privative de liberté. Le prévenu condamné lundi n’était, lui, pas présent à l’audience car il s’est évadé de prison. Il a notamment été reconnu coupable de vols en bande et par métier mais aussi de dommages à la propriété. Il devra également s’acquitter de frais judiciaires dépassant 100'000 francs.
Le vol comme métier
Comme lors du dernier procès, la juge a déclaré avoir affaire à des professionnels du cambriolage. Corinne Suter a souligné que ces ressortissants des Balkans étaient venus en Suisse spécialement pour y commettre des infractions. Ils utilisaient, par ailleurs, un matériel bien sophistiqué pour pénétrer chez leurs victimes. Leur mode opératoire était identique d’un cas à l’autre. Les comparses fracturaient une fenêtre ou s’en prenaient au cylindre de la porte. Le Tribunal a rappelé que les suspects se connaissaient bien et que tous logaient au bar-hôtel « Elisa » de Grandval, leur pied-à-terre d’où ils organisaient leurs vols.
Un établissement des faits difficile
Corinne Suter a toutefois relevé un certain nombre de problèmes au niveau de l’établissement des faits dans cette affaire. Certains moyens de preuve n’ont pas pu être retenus par le Tribunal. Par exemple, le fait que la voiture du prévenu ait été observée sur les lieux de l’un des délits n’a pas été considéré comme suffisant par la juge. Cette voiture était, en effet, aussi utilisée par d’autres membres du groupe. Il a également été question de téléphonie. La procureure, Frédérique Comte, estimait que la localisation du téléphone portable du prévenu, à proximité de certaines localités où les méfaits étaient commis, reliait le suspect aux délits en question. Un argument rejeté par Corinne Suter. Cette dernière a rappelé que les comparses s’échangeaient régulièrement les téléphones et les cartes SIM.
Sur la cinquantaine de cambriolages dont il était accusé, le prévenu a été libéré dans une vingtaine de cas, en raison notamment des éléments évoqués ci-dessus. Comme la juge l’a rappelé, le doute profite à l’accusé. /alr