Une femme de la région accusée d’avoir voulu organiser le meurtre de son mari comparaît depuis lundi devant le Tribunal de Moutier. En 2014, elle aurait promis 15’000 à 25’000 francs à un homme pour tuer son époux avec qui elle était en conflit, le soupçonnant notamment d’infidélité. Elle doit répondre « d’actes préparatoires délictueux », selon l’acte d’accusation. Les mêmes charges pèsent sur l’homme qu’elle aurait engagé. Si l’affaire semble simple, il n’en est rien. En témoignent les 10h30 qu’ont duré les auditions du plaignant, des prévenus et des témoins.
Qui ment ? C’est à cette épineuse question que devra répondre la cour. L’histoire se déroule dans le contexte d’une séparation difficile. Le mari a porté plainte après avoir été averti par téléphone que sa femme voulait le faire tuer. Cette dernière assure qu’elle n’a jamais voulu faire de mal à son mari, mais qu’elle voulait uniquement le faire suivre pour prouver des infidélités répétées et récupérer son appartement perdu dans la procédure de divorce. Elle a donc engagé plusieurs personnes pour réaliser cette tâche. Deux surveillants de supermarchés ont témoigné pour dire qu’ils avaient été payés pour filer le plaignant, ce que la prévenue a confirmé.
Tout se complique ensuite. La femme, le prévenu et un troisième homme qui n’a pas été mis en accusation par le procureur se retrouvent un jour dans un restaurant. Sur cette rencontre, toutes les versions divergent. La femme déclare avoir payé 3'500 francs au prévenu pour qu’il suive son mari, mais qu’il n’a jamais été question de lui faire du mal. Le second homme présent confirme la transaction, mais il affirme aussi que le prévenu lui a demandé un pistolet pour « faire le nécessaire ». Le prévenu, quant à lui, déclare n’avoir jamais reçu d’argent. Il ajoute que la femme lui avait expliqué que le second homme présent pourrait lui fournir une arme pour « liquider » son mari. Le prévenu aurait alors refusé de faire du mal à qui que ce soit. Suite à cette rencontre, les deux hommes expliquent qu’ils ont prévenu le mari car ils avaient mauvaise conscience et ne voulaient pas qu’il lui arrive malheur.
Cet imbroglio impossible à résumer dans son ensemble n’est que le bout de corde qui dépasse d’un véritable sac de nœud que les juges devront tenter de démêler. Une tâche qui s’annonce des plus ardues puisque les trois protagonistes clament leur innocence et se rejettent mutuellement la culpabilité. Le verdict de cette affaire sera rendu lundi prochain. /ast