Une commande sur internet a-t-elle causé la mort d’un scootériste le 1er septembre 2016 au Crêt-du-Locle ?
Un conducteur a comparu mercredi devant le Tribunal criminel à La Chaux-de-Fonds pour meurtre, subsidiairement homicide par négligence. L’homme est prévenu d’avoir percuté le deux-roues alors qu’il manipulait son téléphone portable. Alors qu'il nie en partie les faits, le procureur a requis 5 ans et demi de prison pour meurtre par dol éventuel.
Selon l’acte d’accusation, le prévenu a envoyé deux sms et tenté de passer une commande sur un site de compléments alimentaires. Alors qu’il tournait à gauche pour arriver sur son lieu de travail, l’homme de 27 ans est entré en collision avec un scooter qui circulait normalement en sens inverse. Le scootériste a alors tenté d’éviter le véhicule, mais il s’est retrouvé propulsé à terre. L’automobiliste a ensuite traîné le corps sur près de 17 mètres. Il admet avoir senti quelque chose d’anormal sous sa voiture mais déclare n’avoir vu le scooter qu’au dernier moment.
Les dires du prévenu contredisent toutefois les rapports de la police scientifique. Selon eux, c’est parce que le prévenu était sur son smartphone qu’il n’aurait pas aperçu le deux-roues. Lors de l'instruction, l’homme avait déclaré qu’il ne se souvenait pas s’il utilisait son téléphone. Aujourd’hui et avec le recul, il est certain de ne pas avoir manipulé son smartphone au moment de l’accident.
Le procureur a requis 5 ans et demi
Pour le procureur, il n’y a pas de doute. Le prévenu pianotait bien sur son téléphone et admettait ainsi qu’il pouvait créer un accident mortel. Raison pour laquelle il a requis 5 ans et demi de prison. Un réquisitoire suivi par la partie plaignante.
De son côté, l’avocat de la défense indique que son client ne peut pas être comparé à un vrai meurtrier. Un examen ophtalmologique prouve qu’il souffre d’un déficit de vision stéréoscopique, c’est-à-dire en trois dimensions, ce qui pourrait expliquer qu’il n’ait pas vu le scooter arriver en face. De plus, toujours selon la défense, l’homme ne naviguait pas sur son smartphone au moment de l’accident. La défense demande de ne retenir que l'infraction à la loi sur la circulation routière, c'est-à-dire le refus de priorité.
Lors du procès, le prévenu, qui est aujourd’hui suivi psychologiquement a, à plusieurs reprises, éclaté en sanglots. Il a également demandé pardon à la famille présente dans la salle.
Le verdict sera rendu à 15h30. /ali