C’est un livre de vieux remèdes de grand-mère, ou plutôt de vieux paysan franc-montagnard, que s’apprête à publier la Société jurassienne d’Émulation (SJE). Plus de 200 recettes de bouillons, breuvages et autres onguents ont été compilées à partir d’un manuscrit rédigé en 1804 par Hermann Voirol. Ce paysan des Genevez avait même créé sa propre pharmacie (dans une annexe attenante à l’actuel Musée rural) puis a couché sur papier tout son savoir pour guérir humains et animaux. Ce qui donnera, deux siècles plus tard, « Les secrets de différents auteurs mis en amas pour l’utilité du public, par Hermann Voirol ».
Clément Saucy et Marcel Jacquat commentent l'ouvrage
« J’ai découvert ce manuscrit il y a 8 ans grâce à Daniel Gerber (ancien président du comité du Musée rural jurassien aux Genevez) », explique l’auteur Clément Saucy. Ce Franc-Montagnard membre de la SJE, mais également ancien vétérinaire cantonal, s’est alors plongé dans ce manuscrit vieux de 200 ans. « Il contenait des choses connues, mais quand même assez mystérieuses. Vu ma profession, je m'y suis intéressé. Guérir les humains et les animaux avec toutes ces plantes, minéraux, produits animaux voire humains m’a interpellé », se souvient Clément Saucy. Avec l’aide d’un ancien biologiste et ancien conservateur du Musée d’histoire naturelle de La Chaux-de-Fonds en la personne de Marcel Jacquat, il va retranscrire toutes ces recettes. « Ce livre est à mi-chemin entre les croyances populaires et la médecine moderne que nous connaissons », résume Marcel Jacquat.
Quelques-uns de ces remèdes subsistent de nos jours. Mais quant à savoir si l’on peut, aujourd’hui encore, réellement se soigner en consultant un tel ouvrage, Clément Saucy se montre dubitatif. « Une recette sur deux se termine par une allusion à la grâce de Dieu pour espérer être guéri », avance l'ancien vétérinaire avec malice. « Mais cela montre au public une manière de vivre de l’époque, une manière d’appréhender les difficultés », souffle le président de la SJE, Martin Choffat, pour rappeler l’intérêt d’éditer ce que certains pourraient qualifier de vieux grimoire. La lecture en réserve aussi quelques traits d’humour, comme en témoigne Clément Saucy. « L’une des recettes nécessite des excréments humains. Et l’auteur prend soin de préciser qu’il ne faut surtout pas dire au patient ce que contient le remède... car il risquerait d’avoir du dégoût à l’avaler. » Bon appétit ! /jpi