Une voie bi-cantonale pour Moutier ?

Scinder Moutier en deux communes distinctes, l’une bernoise et l’autre jurassienne : c’est ...
Une voie bi-cantonale pour Moutier ?

Scinder Moutier en deux communes distinctes, l’une bernoise et l’autre jurassienne : c’est l’idée soutenue par le comité « Réconciliation ». Il a présenté son projet vendredi matin

Arnaud Forster et Oriane Grimm proposent une nouvelle solution pour régler la question de l'appartenance cantonale de Moutier. Arnaud Forster et Oriane Grimm proposent une nouvelle solution pour régler la question de l'appartenance cantonale de Moutier.

Diviser Moutier en deux communes distinctes pour la sortir de l’impasse institutionnelle : c’est la proposition de l'association « Réconciliation ». Elle s’est présentée vendredi matin devant les médias et est actuellement composée de dix-huit membres, aussi bien antiséparatistes qu’autonomistes ou neutres sur la Question jurassienne. Son projet : créer deux communes de Moutier, l’une bernoise et l’autre jurassienne. Les modalités précises n’ont pas encore été définies, mais selon « Réconciliation » ce serait possible. Une nouvelle frontière cantonale serait créée à travers la ville, mais dans un premier temps les citoyens pourraient choisir librement à quel canton ils souhaitent se rattacher, quel que soit leur lieu d’habitation.


Eviter le sentiment d'humiliation 

Cette idée part du constat suivant : si la ville dans son ensemble reste bernoise ou jurassienne, il y aura toujours une moitié des habitants qui se sentiront bafoués et humiliés. « Réconciliation » estime qu’au lieu d’opposer la dualité inhérente à la ville, il vaut mieux en tirer parti. Chaque commune élirait ses propres autorités et des accords seraient mis sur pied pour financer les services et prestations qui seraient proposés à l’ensemble de la population. La mise en œuvre de ces accords nécessiterait d’importants travaux.


Pas question d'imposer le projet

Autre point à relever, l'association n’entend en aucun cas imposer son projet. Elle a pour l’instant mené des recherches auprès de l’Office fédéral de la justice et de l’Institut du fédéralisme de l’Université de Fribourg pour voir ce qui était possible. Avant de poursuivre ses travaux, elle lance un sondage sur son site Internet pour savoir si sa proposition suscite de l’intérêt, que ce soit à Moutier ou dans le Jura bernois et le Jura. Le président de l'association, Arnaud Forster, explique qu’il faut 400 signatures pour une initiative communale, mais qu'il ne se contentera pas de ce chiffre : « nous voulons qu’il y ait un vrai soutien populaire parmi les Prévôtois, si ce n’est pas le cas nous n’insisterons pas ».


Moutier, déjà Belfast aujourd'hui?

Avant même d’être présentée, ce projet a déjà fait l’objet de critiques, notamment dans le journal autonomiste « Le Jura Libre » qui titrait vendredi « Moutier - Belfast ? ». Pour la porte-parole de l'association, Oriane Grimm, la ville est déjà dans une telle situation aujourd’hui. Pour elle, ce projet ne vise pas à construire des murs mais au contraire à les détruire. Elle précise que « tant que les camps chercheront à gagner une guerre plutôt qu’à régler un conflit, il y aura une moitié de perdants. Il vaut mieux chercher une solution qui permette de construire la paix ». Oriane Grimm ajoute s'attendre aussi à des critiques antiséparatistes : « notre proposition ne convaincra probablement pas les partis et les personnalités politiques qui se sont construits autour de ce conflit ».


Attaques personnelles et plainte pénale

En ce qui concerne les deux représentants de « Réconciliation Moutier » présents vendredi devant les médias, ils font aussi déjà l’objet d’attaques personnelles. « Cela ne nous surprend pas », explique Oriane Grimm. Celle qui faisait auparavant partie du comité antiséparatiste « Moutier Résiste » déclare avoir pris ses distances avec ce groupement : « j’ai donné ma démission le lendemain de l’annulation du vote du 18 juin 2017 par la préfecture du Jura bernois ». Elle annonce aussi qu’elle déposera une plainte pénale pour diffamation contre « Le Jura libre » qui la décrit vendredi comme « une gardienne de home très efficace dans le captage de suffrage ». Arnaud Forster, de son côté, explique que s’il est bien le fils de l’antiséparatiste prévôtoise Marcelle Forster, cela ne fait pas de lui son porte-parole. Il ajoute vouloir « éviter les extrêmes, ceux qui font de ce dossier leur fonds de commerce ». /ast


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